Partenaires victorieux pendant quatre ans, Renault Sport F1 et Red Bull Racing réfléchissent à leur avenir en Formule 1, dans la foulée d'une saison 2014 décevante et d'un Grand Prix d'Australie raté.

L'écurie Red Bull est née en 2005 du rachat de Jaguar F1 par Dietrich Mateschitz, le milliardaire autrichien qui a inventé la fameuse boisson énergétique. Après cinq saisons de rodage, elle a raflé huit titres mondiaux en quatre ans (2010-2013), suivis par une déception relative en 2014: vice-champion du monde des constructeurs, avec trois victoires de Daniel Ricciardo à la clé.

Les dirigeants de l'écurie ont trouvé un coupable idéal: le nouveau moteur Renault, un V6 turbo hybride né du changement de règlement technique et moins réussi que celui de Mercedes. Ils ont aussi eu du mal à admettre que leur châssis RB10 n'était pas aussi réussi que ses prédécesseurs. Depuis, les deux partenaires cogitent.

«Nous sommes attentifs à ce qu'il se passe dans le sport ainsi qu'aux différentes options possibles, car nos succès avec Red Bull Racing, comme nos difficultés de la saison dernière, nous montrent qu'il est bien difficile de pleinement mettre à profit notre engagement actuel en compétition», résume le directeur général de Renault Sport F1, Cyril Abiteboul, interrogé par l'AFP.

«Nous ne sommes pas satisfaits de la F1» et «nous allons réfléchir à un scénario de sortie», a lancé de son côté Helmut Marko, très influent conseiller de Mateschitz pour le sport automobile. «Renault est intéressé par Toro Rosso», la filiale italienne de Red Bull Racing, a-t-il ajouté.

Abiteboul n'a pas démenti. Mais d'autres pistes pourraient être étudiées, Lotus (ex-Renault F1) et Force India, motorisées par Mercedes, ou même Sauber, proche de Ferrari, car toutes traversent des grosses difficultés financières.

Audi ou pas?

Marko ne le dit pas, mais il est probable que la F1 n'amuse plus le grand patron, Herr Mateschitz, surtout si Red Bull ne gagne plus. Il a déjà autorisé Adrian Newey, son ingénieur génial, à s'éloigner des circuits pour se rapprocher de la voile, version America's Cup. C'est un signe qui ne trompe pas.

La menace d'un retrait de Red Bull agite le paddock depuis un moment. Même si le géant autrichien a un contrat avec le promoteur de la F1, Bernie Ecclestone, jusqu'à 2020. La rupture de ce contrat avant terme remettrait en cause, au moins en partie, le gros pourcentage du gâteau de la F1 avalé par Red Bull ces dernières années.

C'est l'une des spécificités de la répartition inégale des revenus commerciaux de la F1: une part est liée aux résultats, sur trois saisons, et une part encore plus grande à la fidélité des grosses écuries à la discipline, sur le long terme.

Dans cette équation à plusieurs inconnues figure un autre grand constructeur, Audi. Les Allemands ne dominent plus l'endurance, sauf aux 24 Heures du Mans, et affichent une belle santé financière au sein du groupe VAG. Ils démentent régulièrement tout intérêt pour la F1, même s'ils ont récupéré l'an dernier Stefano Domenicali, l'ex-Team Principal de la Scuderia Ferrari.

Pour racheter Red Bull Racing, basée en Angleterre, il faut mettre au moins 300 millions d'euros (406 millions de dollars) sur la table. Audi pourrait se permettre cette petite folie. Reprendre Toro Rosso, qui utilise aussi des moteurs Renault, coûterait un peu moins cher et serait plus dans les moyens de Renault. Mais les ambitions ne seraient pas les mêmes.