Le grand cirque de la Formule 1 a préparé la reprise de sa tournée mondiale, jeudi dans le paddock ensoleillé de l'Albert Park, à Melbourne, pendant que dans un tribunal voisin se jouait peut-être l'avenir de l'écurie Sauber.

Toute la journée, dans les puits, les mécaniciens ont terminé de préparer les 20 monoplaces qui participeront vendredi aux premiers essais libres du Grand Prix d'Australie de F1, y compris les deux revenantes, des Marussia revues et corrigées, aux spécifications 2015, dont les pilotes ne portent que l'inscription Manor, en lettres rouges, sur des combinaisons blanches immaculées préparées de toute urgence par l'équipementier italien Sparco.

C'était un peu la rentrée des classes et tout le monde s'est embrassé chaleureusement, a pris des cafés au soleil, a raconté ses vacances d'hiver, comme si la petite famille de la F1 appréciait chaque année, au mois de mars, de quitter l'Europe, ses drames et sa météo changeante.

À tout seigneur tout honneur, Lewis Hamilton, double champion du monde, a été le fil conducteur de la journée, accompagné du fidèle Nico Rosberg, son coéquipier battu en 2014 mais qui s'est bien remis: «L'avantage du sport, c'est que les déceptions ne durent pas longtemps. J'ai perdu mais cela n'a rien changé à ma vie de tous les jours», a dit Rosberg le matin dans un restaurant de plage.

Puis Hamilton, en conférence de presse, a beaucoup souri à son voisin Sebastian Vettel, nouveau venu chez Ferrari, et confirmé qu'il visait bien un troisième titre mondial, dans la foulée de celui de 2014, «pour faire aussi bien qu'Ayrton Senna, car il était mon pilote préféré quand j'étais plus jeune».

«Tu es vraiment né en 1997?»

Comme Max Verstappen, 17 ans, était invité pour la première fois à la conférence rituelle du jeudi, le sujet de l'âge est revenu sur le tapis, et Hamilton a réagi, en se retournant vers le prodige néerlandais: «Tu es vraiment né en 1997? Wouah! Moi en 1997 je signais mon premier contrat avec McLaren. Et ça me fait penser que je suis le plus âgé ici aujourd'hui...» a ajouté Lewis, 30 ans.

Plus prolixe et plus précis, Daniel Ricciardo, le héros local, a donné un vrai conseil à Verstappen, du haut de ses 25 ans: «Fais-toi plaisir, mets-toi derrière le volant et n'oublie jamais que la raison pour laquelle tu es là, c'est pour être sur la piste. Alors profite bien de ces quelques heures, vendredi, samedi et dimanche. Et le reste suivra».

Vettel, 27 ans, désormais père de famille, a aussi parlé de «l'histoire de Ferrari», de «tous les changements intervenus cet hiver» au sein de la Scuderia et de ses objectifs pour 2015: «Je suis sûr qu'on a fait un pas en avant, mais je sais pas encore si c'était un grand pas. Ce qui est sûr, c'est que si on se met en bonne position et que quelque chose se passe devant, on sera là».

Le consensus général, c'est que Mercedes-AMG risque fort de perpétuer sa domination, avec quelques jokers en réserve: «environ 20% des jetons de développement du moteur», a avoué Toto Wolff, le patron de l'écurie championne du monde. De quoi garder une longueur d'avance sur les trois écuries qui semblent le plus capables de viser le podium: Ferrari, Williams et Red Bull, respectivement 4e, 3e et 2e en 2014.

Pendant ce temps, à la Cour Suprême de l'Etat de Victoria, se jouait ni plus ni moins que l'avenir de Sauber F1. Le Néerlandais Giedo van der Garde a obtenu, en appel, le droit de piloter une monoplace suisse cette saison, alors que l'écurie de Peter Sauber a déjà deux pilotes sous contrat. Trois pilotes payants pour deux voitures, dans une écurie qui n'a marqué aucun point l'an dernier, ça devient compliqué...