La rumeur voulant que le milliardaire québécois Lawrence Stroll soit intéressé à acheter, en tout ou en partie, l'écurie de F1 Sauber a pris du coffre.

Le tandem à la tête de l'équipe suisse, le fondateur Peter Sauber et la directrice de l'écurie Monisha Kaltenborn, ont refusé dimanche de commenter ce qui a été présenté plus tôt dans la journée comme une rumeur par le site américain Motorsport.com.

D'un média suisse à l'autre, on a rapporté dimanche et hier que l'homme d'affaires originaire de Westmount avait rendu visite à l'équipe à Monza, dans le cadre du Grand Prix d'Italie, et avait été aperçu au siège de Sauber à Hinwil, près de Zurich, la fin de semaine dernière. L'édition suisse-allemande du quotidien gratuit 20 Minutes a même qualifié l'intérêt de Lawrence pour Sauber de «secret de Polichinelle».

Le rachat possible de cette écurie par Lawrence Stroll a depuis été traité par plusieurs médias spécialisés.

Connaissance du sport automobile



L'homme d'affaires de 55 ans, dont la fortune personnelle est estimée par le magazine Forbes à 2,3 milliards de dollars, est loin d'être un novice dans le sport automobile. Le propriétaire du Circuit Mont-Tremblant «est très près de Ferrari, depuis des années», témoigne Normand Legault. «Il connaît beaucoup le sport automobile, il a beaucoup fréquenté les paddocks et il connaît très bien Bernie Ecclestone», ajoute l'ancien promoteur du Grand Prix du Canada.

Au point de vouloir racheter une écurie de Formule 1? «Ça pourrait être très crédible», répond M. Legault qui, jusqu'à dimanche dernier, n'avait jamais entendu parlé de ce projet.

L'intérêt supposé pour Sauber de la part de l'ancien actionnaire principal de la marque de vêtements Tommy Hilfiger répond à une certaine logique. Face à la forte inflation des coûts de fonctionnement, la moitié des équipes de Formule 1 éprouve aujourd'hui de graves problèmes financiers. À la recherche d'investisseurs, beaucoup vont jouer leur avenir d'ici la fin de la saison. Sauber est celle qui serait le plus en danger. Et celle dans laquelle Lawrence Stroll serait le plus à même d'investir. L'écurie Caterham a été vendue cet été, les copropriétaires de Marussia n'ont pas l'intention de céder leurs parts, et Lotus est motorisée par Renault.

Proche de Ferrari



Quand on connaît la proximité de Stroll avec Ferrari, le rapprochement avec Sauber apparaît d'autant plus naturel. Ferrari est le motoriste de Sauber cette saison. Concessionnaire Ferrari à Montréal et passionné de voitures au cheval cabré, Stroll passerait le plus clair de son temps du côté de Genève depuis que son fils Lance, 15 ans, est membre de l'Académie de pilotes Ferrari.

Selon les spéculations, si Lawrence Stroll investit dans la F1, ce pourrait être en achetant la participation de Peter Sauber, qui a été échaudé cette année par une tentative avortée de renflouement de son écurie par des intérêts russes. Stroll aurait-il d'autres partenaires financiers?

Nul ne semble le savoir. «Il ne se lancerait pas à l'aveuglette», croit en tout cas Normand Legault.

Il ne serait pas non plus le premier milliardaire à investir dans l'épreuve reine du sport automobile. À la différence notoire qu'aujourd'hui, posséder une écurie performante requiert un budget annuel de 250 à 300 millions.

«Pour le commun des milliardaires, la Formule 1 reste une aventure très coûteuse», rappelle Normand Legault.