La descente en disgrâce de Ferrari n'est plus seulement un souci sur les pistes de Formule 1. C'est également un sujet de préoccupation dans la salle de conférence de l'entreprise.

Après six ans sans titre, les événements pendant et entourant le week-end du Grand Prix d'Italie semblent avoir mis la table pour des changements radicaux.

Pour la première fois depuis 2008, Ferrari n'a pas été en mesure d'obtenir un podium pour sa course à domicile.

Fernando Alonso n'a pas complété l'épreuve en raison d'un problème mécanique et son coéquipier Kimi Räikkönen s'est classé neuvième.

«En Formule 1, comme dans le sport en général, il y a des jours à oublier et ç'a certainement été l'un d'entre eux», a déclaré le directeur de l'équipe Marco Mattiacci, en poste depuis avril quand Stefano Domenicali a démissionné au milieu de la pire période de l'équipe en près de 20 ans.

Mais les résultats ne constituent qu'une partie de l'histoire.

Des spéculations ont commencé à circuler avant même le week-end selon lesquelles le président de Ferrari, Luca Di Montezemolo, pourrait être contraint de céder sa place qu'il occupe depuis que le père fondateur de l'écurie, Enzo Ferrari, l'a recruté il y a quatre décennies.

Samedi, Montezemolo a insisté pour dire qu'il était heureux de rester.

«En mars, j'ai dit aux actionnaires et en particulier aux gens de Ferrari, avec qui je suis très proche, que je serai disponible pour trois autres années, a déclaré Montezemolo. S'il y a alors quelque chose de nouveau, je serais le premier à le dire.»

Sergio Marchionne, le président directeur-général de la société mère de Ferrari, Fiat-Chrysler, a peut-être interprété les propos de Montezemolo comme un avertissement du montant de la prime de séparation que ce dernier pourrait exiger pour remettre sa démission avant la fin de son mandat comme président en 2017.

«Nous ne discutons pas de son départ mais personne n'est indispensable, a déclaré Marchionne dans les environs de Cernobbio dimanche, environ une demi-heure avant l'abandon d'Alonso.

«Il y a deux éléments de Ferrari qui sont essentiels pour nous: les résultats économiques, pour lesquels Montezemolo a fait un excellent travail, et la gestion sportive. L'essence de Ferrari consiste à gagner en F1. Ne rien avoir gagné depuis 2008 - même avec les meilleurs pilotes du monde et de grands ingénieurs - me bouleverse et me dérange énormément.»

Ferrari n'a pas obtenu une victoire cette saison et avec six courses à disputer, l'équipe risque d'être blanchie pour la première fois depuis 1993 - quand Jean Alesi et Gerhard Berger étaient les pilotes.

«C'est un moment difficile pour l'équipe et les six dernières courses ne seront pas beaucoup mieux, a analysé Alonso qui a dû regagner les paddocks après son abandon à l'arrière d'un scooter devant des dizaines de milliers de tifosis incrédules. Nous serons derrière Mercedes, Red Bull et Williams. Nous ne pouvons pas gagner. Et si je suis cinquième, sixième ou contraint l'abandon, ça ne change pas grand-chose pour moi et mon avenir. Je veux gagner.»

Les résultats de dimanche ont repoussé Ferrari au quatrième rang au classement des constructeurs derrière Williams. Mercedes, qui a signé un doublé avec Lewis Hamilton et Nico Rosberg, détient une avance confortable de 182 points au championnat des constructeurs devant Red Bull.

«Nous n'avions pas la puissance ou la vitesse pour dépasser sur la ligne droite», a déclaré Raikkonen.

Samedi, les voitures propulsés par des moteurs Mercedes ont monopolisé les six premières positions sur la grille en qualification et Honda envisage un retour en F1 l'année prochaine avec McLaren, un autre grand manufacturier qui rivalisera avec Ferrari.

Et avec Fiat et Chrysler qui prévoient inscrire leur nouvelle société issue d'une fusion à la bourse de New York le mois prochain, Marchionne se retrouve aussi sous pression de fournir des résultats.

«Nous sommes au service de l'entreprise, a déclaré Marchionne. Quand une entreprise change d'idées, ou lorsque les objectifs deviennent plus centralisés, les choses changent.»

Fiat contrôle 90% de Ferrari.

Un ancien président de Fiat, di Montezemolo est également membre du conseil d'administration de l'entreprise. Mais pas pour longtemps.

Lors de la dernière réunion des actionnaires de Fiat, il est apparu que Montezemolo ne sera plus membre du conseil de l'entreprise fusionnée. L'actuel président John Elkann a précisé que le changement a été effectué afin de refléter la composition internationale de nouveau constructeur d'automobiles

Alonso pourrait également être en faveur d'un changement.

L'Espagnol a remporté deux titres de champion du monde lorsqu'il était avec Renault et il est encore considéré comme l'un des meilleurs pilotes de la discipline. Mais son contrat vient à échéance en 2016 et il n'a pas été question jusqu'ici de prolongation.

«J'ai toujours dit que je veux rester avec Ferrari et, s'il n'y a pas de grands changements, je vais rester pendant encore au moins deux ans, dit Alonso Sky TV la semaine dernière. Mais nous avons besoin d'évaluer et de travailler sur le maintien de ce mariage d'une manière gagnante.»