Nico Rosberg s'est emparé de sa première pole position en carrière au Grand Prix du Canada, samedi après-midi, en surpassant son coéquipier Lewis Hamilton et le pilote Red Bull Sebastian Vettel lors de la séance de qualifications.

Il s'agissait de la troisième pole position de l'Allemand cette saison, après celles du Bahreïn et de Monaco. Rosberg, qui mène au classement des pilotes, l'a acquise en vertu d'un chrono d'une minute et 14,874 secondes. Rosberg s'est dit particulièrement fier de sa performance, compte tenu des succès obtenus par Hamilton au fil des années à Montréal.

«Je sais qu'il est très fort ici, donc je suis très heureux que ça ait fonctionné, a commenté Rosberg, auteur de cinq victoires en carrière en F1. Nous avons progressé sans arrêt au cours du week-end, donc c'est très «cool de partir en tête demain (dimanche).»

Tandis qu'il tentait de surpasser le temps de Rosberg, Hamilton s'est malheureusement retrouvé coincé dans le trafic dans la portion médiane du circuit, l'empêchant de tenter quoi que ce soit. Seuls les pilotes Mercedes sont passés sous la barre des 75 secondes sur le circuit Gilles-Villeneuve.

«Nico a fait du travail fantastique aujourd'hui, donc il mérite la pole, a commenté Hamilton, qui a complété son tour en 1:14,953. Ce ne fut tout simplement pas ma meilleure séance de qualifications en carrière. Parfois ça marche, d'autres fois non. Mais on ne peut se plaindre, nous serons tous les deux sur la première ligne demain (dimanche). Espérons simplement que nous pourrons marquer l'histoire demain.»

Mercedes tentera dimanche d'obtenir un sixième doublé consécutif. Seul le Grand Prix d'Australie, en lever de rideau de la saison, a échappé jusqu'ici à l'équipe allemande puisque Hamilton avait été contraint à l'abandon.

Sebastian Vettel, le champion en titre du Grand Prix du Canada, a surpris un peut tout le monde - lui y compris - en se retrouvant en troisième place, en vertu d'un chrono de 1:15,548. Le quadruple champion du monde s'était plaint plus tôt ce week-end du manque de puissance du moteur Renault, surtout dans les lignes droites.

«Le début de mon dernier tour n'était pas très bon, mais je suis parvenu à corriger la situation dès le premier secteur, a dit Vettel. J'ai éprouvé des ennuis dans les deux premiers virages, mais après j'ai décidé de prendre plus de risques et ç'a payé. Je crois vraiment que c'était le mieux qu'on puisse faire, même si nous sommes toujours une demi-seconde derrière les Mercedes.»

Vettel devra regarder dans ses rétroviseurs dimanche, car les pilotes Williams Valtteri Bottas et Felipe Massa ont complété le top-5 et paraissent avoir le couteau entre les dents.

«Les Williams sont très fortes ici - leurs voitures sont très rapides dans les lignes droites, tout comme celles qui sont propulsées par le moteur Mercedes-Benz -, donc j'essaierai dimanche de demeurer dans le sillage des Mercedes, et si l'occasion se présente, alors j'essaierai de les attaquer», a ajouté le pilote Red Bull.

Bottas semble se plaire sur le circuit Gilles-Villeneuve, lui qui avait obtenu le troisième meilleur temps de la séance de qualifications disputée sous la pluie l'an dernier. En entrevue d'après-qualifications, il a d'ailleurs laissé entendre qu'il attaquerait dès le premier virage dimanche.

«Cette année, en général, nous connaissons d'excellents départs, a confié Bottas. Meilleurs que ceux des voitures Red Bull, donc... J'espère que nous en connaîtrons un bon demain. Et s'il y a une opportunité, alors il ne fait aucun doute que nous allons la saisir.»

Pour sa part, Massa avait déjà confirmé la tenue irréprochable des voitures Williams ce week-end en enregistrant un chrono de 1:16,086 secondes en matinée samedi, ce qui lui avait permis de s'adjuger le deuxième meilleur temps, séparant du même coup - pour une rare fois - les deux bolides Mercedes.

Daniel Ricciardo (Red Bull), Fernando Alonso (Ferrari), Jean-Éric Vergne (Toro Rosso), Jenson Button (McLaren) et Kimi Räikkönen (Ferrari) ont respectivement suivi des sixième au 10e échelons.

La majorité des écuries ont opté pour les gommes super-tendres en Q2 et Q3, alors que la température de piste atteignait 41 degrés Celsius en après-midi.

Le drapeau rouge a été hissé vers la fin de la première séance de qualifications, lorsque Marcus Ericsson (Caterham) a abîmé l'arrière de sa voiture en percutant le muret à la sortie du virage no 9. Il était alors en 21e position. Seuls Red Bull, Mercedes et Williams ont franchi Q1 sur des pneus tendres.

Le Grand Prix du Canada sera disputé dimanche après-midi à l'île Notre-Dame.

Rosberg et Hamilton divergent encore d'opinions

Chassez le naturel, et il revient rapidement au galop. Nico Rosberg et Lewis Hamilton, qui ont acquis les deux premiers rangs sur la grille de départ, nous ont offert une belle petite pièce de théâtre depuis le début de la fin de semaine au Grand Prix du Canada, sauf que leur divergence d'opinions est rapidement réapparue après la séance de qualifications, samedi après-midi.

Assis l'un à côté de l'autre sur la tribune réservée aux trois premiers pilotes, Rosberg et Hamilton ne se sont pas échangé le moindre regard. L'Allemand, qui mène au championnat des pilotes avec 122 points - contre 118 pour le Britannique - fut le premier à décocher une flèche vers son coéquipier.

«C'est toujours mieux d'avoir des résultats positifs, vous savez, a-t-il répondu lorsqu'on lui a demandé si le momentum acquis avec sa victoire à Monaco lui avait permis de prendre l'ascendant sur Hamilton. Ça aide. Lewis voguait sur une séquence victorieuse jusque-là, et c'était important d'y mettre un terme.»

La guerre psychologique qu'ils se livrent depuis Monaco est revenue à l'avant-scène lorsqu'un journaliste italien leur a demandé si la course de dimanche allait en être une entre les deux Mercedes exclusivement.

«Certes, je m'attends à ce que ce soit une lutte entre nous deux uniquement, a acquiescé Rosberg. Mais, bien sûr, il peut y avoir des surprises. Nous devrons nous assurer de nous pousser mutuellement, mais je crois que l'écart devant le reste du peloton et nous est suffisant en ce moment, surtout en course.»

Hamilton, auteur de quatre victoires jusqu'ici cette saison, a riposté en soulignant qu'en dépit des excellentes performances de Mercedes en qualifications, il ne fallait pas prendre à la légère le reste du peloton. Ça sonnait comme un reproche envers son coéquipier, comme s'il insinuait qu'il avait manqué de respect à leurs adversaires.

«Je ne pense pas que ce soit uniquement entre nous deux, a sèchement rétorqué Hamilton. Certes, ceux derrière nous n'étaient peut-être pas aussi près en qualifications, mais le rythme de la dernière course (à Monaco) était très élevé. Donc, j'anticipe que ce soit la même chose demain, et je crois qu'on ne peut exclure Sebastian (Vettel) ou Red Bull. Nous devons être très prudents, et s'assurer de pousser toujours davantage.»

Vettel, le quadruple champion, ne semblait pas particulièrement optimiste quant à la possibilité qu'il vienne menacer le règne de l'écurie allemande sur la piste de l'île Notre-Dame.

«Nos performances ont été plus constantes vendredi et samedi, donc j'espère que nous connaîtrons une bonne course demain (dimanche), a-t-il mentionné. Mais je ne suis toujours pas au niveau où j'aimerais être, car je me bats toujours avec la voiture.

«Vous savez, il ne faut pas être un génie pour les battre, a-t-il ajouté. Il faut être plus rapide qu'eux sur la piste, et pour les battre au championnat il faut constamment amasser plus de points qu'eux. En ce moment, on a de la difficulté à le faire. (...) Nous devons effacer un écart impressionnant, ce qui est très difficile à accomplir.»

Au moins, Rosberg et Hamilton pourront s'entendre sur un point. Ils sont tous les deux satisfaits de l'annonce du renouvellement de l'entente permettant la présentation du Grand Prix du Canada pour les 10 prochaines années.

«Montréal est l'une des meilleures courses de la saison, vous savez, a dit Rosberg. C'est une belle piste, les amateurs sont très enthousiastes, donc je suis très heureux qu'on puisse y revenir souvent à l'avenir.»

«La ville est incroyable, tout comme la nourriture, a renchéri Hamilton. Nous nous amusons vraiment lorsque nous venons ici.»

PHOTO GRAHAM HUGUES, PC

Lewis Hamilton (à gauche) et Nico Rosberg.