«Je garde un très bon souvenir de Montréal, en 2012, lorsque j'étais parti septième sur la grille pour décrocher finalement une deuxième place pour la première fois de ma carrière en F1. C'était une super journée et un très bon résultat de la part de l'équipe.»

Romain Grosjean ne peut qu'avoir le sourire en évoquant son meilleur résultat à ce jour en Formule 1. Il doit cependant lui paraître déjà loin, ce temps de réjouissances. Deux ans plus tard, son écurie Lotus est à la peine.

L'écurie britannique a connu une véritable saignée l'an dernier. Au cours de l'été, le directeur technique James Allison a répondu favorablement aux sirènes de Ferrari, lui qui a été le concepteur en chef des Lotus E20 et E21 qui ont permis à l'équipe de franchir un cap supplémentaire dans la hiérarchie de la F1.

Ce départ, acquis depuis longtemps, a été le début de la fin d'un cycle.

L'automne n'a pas été plus radieux. Alors que l'actionnaire majoritaire - le cabinet d'investissements luxembourgeois Genii Capital - recherchait de nouveaux partenaires financiers, sur fond de premières difficultés à honorer ses paiements, Kimi Räikkönen a annoncé son départ en vue de la saison 2014. Pour Ferrari lui aussi.

Pour couronner le tout, Lotus a perdu, l'hiver dernier, le grand artisan de son émergence, Éric Boullier. Le directeur de l'écurie n'a pu dire non à Ron Dennis, venu le chercher pour redresser un autre grand nom britannique de la Formule 1, McLaren.

En manque de liquidités, avec une direction sportive et technique remaniée, aux prises avec un moteur Renault plus que déficient, Lotus a entamé cette saison avec énormément de retard.

«Nous avons eu beaucoup de problèmes avec le moteur. Lors des essais hivernaux, nous n'avons effectué qu'un tiers des tours des autres équipes, ce n'était pas suffisant pour régler la voiture. En Chine, c'était la première fois que nous faisions un vendredi plein», a récemment expliqué Gérard Lopez au site officiel de la Formule 1.

Le cofondateur de Genii Capital ne s'est pas défilé cet hiver. Il a enfilé le bleu de chauffe en prenant la succession d'Éric Boullier. «On savait avant les premiers essais que cela allait être dur. Et après que l'on a cassé plusieurs moteurs lors des essais, on a compris qu'on serait malmenés cette saison. À partir de là, on a décidé deux choses: accepter cela et utiliser les courses comme banc d'essai. Bien sûr, c'est une manière très chère de faire les choses», a concédé celui qui est aussi président de l'écurie.

Lotus a pris son mal en patience et le soleil a brillé quelque peu dans le ciel de Barcelone le mois dernier. Huitième en Espagne, Grosjean a inscrit ses premiers points de la saison. Son patron a vu dans ce résultat un nouveau départ pour l'écurie. Avec pour objectif de figurer parmi les quatre premiers au classement des constructeurs.

«Notre châssis est très bon. Une fois les problèmes du moteur résolus, on devrait être en bonne position», pense Lopez.

«L'aérodynamique est stable et la gestion du moteur est de mieux en mieux. Nous sommes maintenant plus concentrés sur la suspension. Je pense que nos appuis sont pas mal bons aussi, il reste à aller chercher plus d'adhérence. Déjà, nous avons amélioré la voiture à Monaco», fait remarquer Grosjean.

En Principauté, le pilote français a bénéficié surtout des aléas de la course pour terminer huitième pour la deuxième fois consécutive.

Le circuit Gilles-Villeneuve conviendra-t-il à sa voiture et à celle de son coéquipier Pastor Maldonado?

«Les longues lignes droites pourraient ne pas trop nous aider. Et nous avons vu cette saison qu'au freinage, nous n'étions pas aussi efficaces qu'on le devrait. Il va donc falloir trouver un juste équilibre entre la bonne utilisation des pneus tendres et sans doute une perte en puissance et au freinage», a analysé cette semaine Nick Chester, le directeur technique.

La quatrième place du classement des constructeurs semble encore loin.