Gerhard Gribkowsky, banquier allemand et témoin-clé au procès en Allemagne pour corruption contre le tout-puissant patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone, a accusé vendredi ce dernier d'avoir essayé de le soudoyer en 2004.

Interrogé pendant plusieurs heures par le tribunal de Munich qui juge M. Ecclestone, ce n'est qu'en toute fin de sa première journée d'audition -- trois autres sont prévues --, que M. Gribkowsky, ancien cadre de la banque publique bavaroise Bayern LB, a affirmé que le Britannique lui avait offert 10 millions de dollars en 2004 pour résoudre un conflit juridique.

À l'époque la banque Bayern LB, dont M. Gribkowsky était le directeur des risques, possédait une part majoritaire des droits de la Formule 1, mais Bernie Ecclestone disposait d'un droit de véto grâce à une «action préférentielle». La banque publique allemande avait décidé de contester cela en justice.

Selon le témoignage de Gribkowsky vendredi, en 2004, Ecclestone lui aurait proposé lors d'une conversation téléphonique «10 millions de dollar s'(il faisait) en sorte que soit abandonnée la procédure judiciaire».

Gribkowsky a assuré avoir averti sa hiérarchie et la police, ce qui a surpris le tribunal et le représentant du Parquet, puisqu'aucune enquête n'a été ouverte sur ces faits.

Un peu plus tard, Gribkowsky a même fait état d'une deuxième offre de 80 millions de dollars à chercher à Singapour.

«Et vous nous le dites maintenant comme ça ?», s'est étonné le juge Peter Noll, avant d'interrompre la séance jusqu'à mardi prochain.

Ecclestone, 83 ans, est jugé depuis le 24 avril par un tribunal de Munich (sud) pour avoir versé 44 millions de dollars (31,8 millions d'euros), en 2006 et 2007, à Gerhard Gribkowsky.

Selon l'acte d'accusation, il s'agirait d'un pot-de-vin afin de conclure la vente des droits de la F1 par Bayern LB au fonds d'investissement CVC Capital Partners.

M. Gribkowsky -- qui intervient dans le procès Ecclestone comme témoin principal -- a d'ailleurs été condamné en juin 2012 à huit ans et demi de prison pour corruption et fraude fiscale sur ces millions versés.

Lors de ce procès, Ecclestone, entendu comme témoin, avait reconnu le versement, mais il l'avait présenté comme une forme de «prix du silence» pour que M. Gribkowsky ne fasse pas de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique.

Le juge qui préside le procès d'Ecclestone est celui qui a condamné Gribkowsky à la prison. Dans les attendus du jugement. le magistrat avait estimé que Ecclestone avait «conduit au crime» le banquier.