L'écurie McLaren, 50 ans et toutes ses dents, est arrivée en Malaisie pour le deuxième Grand Prix de la saison de F1 en leader inattendu du Championnat du monde des constructeurs, ce que personne n'aurait pu imaginer, ou prévoir, après une saison 2013 complètement ratée.

En plaçant ses deux pilotes, Kevin Magnussen 2e et Jenson Button 3e, sur le podium du Grand Prix d'Australie, à la suite de la disqualification de Daniel Ricciardo (Red Bull), la marque de prestige fondée en 1963 par Bruce McLaren a confirmé les espoirs nés d'un hiver de travail acharné et d'essais très encourageants pour la nouvelle MP4-29 à moteur Mercedes.

Pour Button, champion du monde 2009, c'était un dimanche d'autant plus émouvant qu'il l'avait passé aux antipodes sans son père John, décédé brutalement en janvier: «C'était bien d'avoir ma soeur, ma fiancée et beaucoup d'amis autour de moi, ça m'a vraiment aidé», a dit Jenson, auteur une fois de plus d'une course impeccable, pour son 248e GP de F1 et donc son 50e podium, après coup.

Magnussen a fait encore mieux, à 21 ans. Il est aussi devenu, dès son premier Grand Prix, le premier pilote danois à monter sur un podium de F1, ce que son père Jan n'avait jamais réussi à faire, en 25 tentatives. Et ce joli tir groupé a salué de belle manière le retour aux affaires de Ron Dennis, le patron historique, qui a souri tout le week-end en regardant les écrans de contrôle, dans le stand McLaren.

«C'est l'une des plus belles performances récentes d'un débutant en F1», a estimé en connaisseur le Français Eric Boullier, nouveau directeur de la compétition de McLaren, pour qui «malgré sa jeunesse et son manque d'expérience, il (Magnussen) a conduit comme un homme qui avait déjà disputé 100 GP, lors d'une course très complexe et exigeante».

«Comme Manchester United»

Le moral est donc au beau fixe à Woking, le siège de McLaren, après une saison 2013 blanche et sèche: zéro podium, pour la première fois depuis 1980, alors que se profilait une transition délicate entre la dernière saison de partenariat avec Mercedes, en 2014, et le retour de Honda en 2015, avec un gros chèque à la clé.

En prime, une 5e place dans la hiérarchie des constructeurs, entre Lotus et Force India, et donc un résultat global indigne de l'histoire et du palmarès de McLaren: 12 titres mondiaux des pilotes et 8 des constructeurs, entre 1974 (Emerson Fittipaldi) et 2008 (Lewis Hamilton), puis plus rien, principalement à cause de Red Bull.

Aux grands maux les grands remèdes. Ron Dennis, le vieux renard de 66 ans, est sorti de sa tanière, a donné un coup de fil à Eric Boullier, demandé à Martin Whitmarsh, son fidèle directeur d'équipe, de prendre un peu de recul, et c'est comme si tout était reparti dans le bon sens pour cette équipe hors normes, que Dennis la malice compare volontiers au club de football de Manchester United.

«Je suis convaincu que nous sommes comme Manchester United», disait Ron Dennis avant le début de la saison. «C'est inévitable, quand on enchaîne de mauvais résultats, les gens font descendre notre cote. Mais je connais cette entreprise et je sais ce que cette écurie de F1 peut réaliser», a ajouté le PDG du groupe McLaren, soit 2200 salariés dans six filiales qui font vivre beaucoup de sous-traitants autour du siège ultra-moderne de Woking.

Une hirondelle ne fait pas le printemps mais, coïncidence troublante, «ManU» s'est remis à gagner, et s'est même qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des champions, trois jours après le double podium inespéré des «McLaren Boys» à Melbourne.

À suivre...