Derrière Sebastian Vettel (Red Bull), quadruple champion du monde et vainqueur pour la première fois aux États-Unis, le Français Romain Grosjean (Lotus), deuxième en résistant jusqu'au bout à l'autre Red Bull de Mark Webber, a encore marqué des gros points pour son équipe et sa confiance.

«J'ai pris un très bon départ, c'était la clé pour pouvoir battre au moins une Red Bull, on savait que ce serait crucial», a dit Romain le cowboy en redescendant de son sixième podium de la saison, coiffé d'un superbe Stetson clair «made in USA». Six podiums, ça fait déjà deux fois plus que l'an dernier, et il reste une manche, dimanche prochain au Brésil.

«Il y a un super esprit dans l'équipe, tout le monde est heureux de travailler et se donne à 100%», a ajouté le jeune père de famille, faisant ainsi écho aux propos de Vettel sur Red Bull Racing. Comme pour montrer qu'il n'a rien à envier au nouveau Kaiser de la F1, en matière de soutien et d'esprit d'équipe, surtout depuis que Kimi Räikkönen, opéré du dos jeudi dernier, a abandonné le navire.

Comme en Corée et surtout au Japon, où il avait longtemps mené la course avant de céder devant les deux Red Bull, Grosjean a encore été, à Austin, le seul contradicteur sérieux des monoplaces championnes du monde. Troisième sur la grille, il a pris un super départ, un de plus, et a fait comprendre en fin de course à Webber qu'il ne pourrait pas le dépasser.

Les compliments de Webber

«Ce n'est jamais facile de passer Romain. Il a très bien piloté», a reconnu Webber. «Il était très propre à la sortie des virages 8 et 9. C'était très difficile de rester près de lui. J'ai fait ce que j'ai pu mais à la fin mes pneus commençaient à se plaindre, alors j'ai dû décrocher pour les faire un peu respirer».

Il y a un an, à Suzuka, Webber traitait Grosjean de «cinglé du premier tour» et hurlait dans le bungalow de Lotus. Le vétéran de la F1, à 37 ans, est bien placé pour juger des progrès de Grosjean entre fin 2012, quand il a failli tout perdre, et fin 2013, alors qu'il se rapproche d'une victoire méritée.

«La tradition au Texas, c'est quand même de courir après les taureaux», a dit Grosjean ce week-end, et il l'a encore fait. Du coup, sur les cinq dernières courses, depuis la Corée incluse, c'est lui qui a marqué le plus de points... après Vettel: 72 sur 100. Même les pilotes Mercedes ont marqué le pas, du coup Lotus rêve encore de podium des constructeurs, à une manche de la fin.

Meilleur que Räikkönen depuis Spa

Alors que Grosjean était obnubilé la saison dernière par la constance de Räikkönen, cette saison 2013 montre qu'il a franchi un cap, en se concentrant sur ses qualifications, ses départs, ses courses. Entre la Belgique et Abou Dhabi, à voiture égale, il a marqué plus de points que Räikkönen, champion du monde 2007, et se pose désormais en leader incontestable de Lotus pour 2014.

La seule question qui reste, c'est le nom de son coéquipier l'an prochain. En pleine confiance, il ne craint pas l'arrivée de l'excellent Nico Hülkenberg, qui serait un gros plus pour Lotus. Mais comme les fonds promis par Quantum Motorsports tardent à être virés, il faudra peut-être qu'il se coltine Pastor Maldonado, le pilote le plus riche et le plus inégal de la F1 moderne.

Quoi qu'il arrive pour le deuxième baquet Lotus, Grosjean, déjà assuré de finir septième du Championnat 2013, a tout pour continuer à progresser: «Les États-Unis me portent bonheur, j'ai hâte de revenir. J'espère que l'année prochaine je serai sur la marche du haut», a dit Romain sur le podium. En regardant vers l'horizon, bien abrité du soleil par son grand chapeau de cowboy.