À l'heure où la crise économique européenne continue de mettre la Formule 1 à mal, il n'était guère étonnant d'apprendre que la modeste écurie Marussia et d'autres petites équipes étaient confrontées à des problèmes financiers en début de cette saison.

Mais quand une équipe légendaire comme Sauber installée en Suisse s'est retrouvée au bord de la faillite il y a quelques semaines, le sport en a pris note. Elles ont finalement été renflouées par des investisseurs étroitement liés au gouvernement russe avec l'attente particulière qu'on fasse une place à un jeune pilote russe de 18 ans l'année prochaine.

La crise financière, que Sauber a qualifiée « de situation inconfortable et embarrassante », a mis en lumière que la majorité des 11 équipes du championnat - à l'exception des écuries riches comme Ferrari, Red Bull et McLaren - sont confrontées à de lourdes dettes et pourraient bientôt avoir besoin d'un sauvetage semblable. Les coûts montent en flèche et continueront d'être une source de préoccupation avec l'entrée en scène de nouveaux moteurs à partir de 2014.

« Nous faisons face à certaines pressions, surtout économiques qui existent dans notre monde. Nous les ressentons, certaines écuries plus que d'autres, a déclaré la directrice générale de Sauber, Monisha Kaltenborn, plus tôt cette année en Malaisie. Nous devons d'abord relever ce défi économique. »

La Formule 1 est l'un des sports le plus prestigieux et le plus dispendieux au monde et, jusqu'à présent, son mode de fonctionnement a surtout été dicté par les équipes aux poches profondes, qui misent sur les voitures les plus rapides et les pilotes les plus talentueux.

Les grandes écuries comme Ferrari dépenseraient quelque 250 millions $ par an, selon le consultant en affaires Dieter Rencken, soit quatre fois plus que les petites équipes comme Caterham. En retour, elles tirent la majeure partie du 1,2 milliard $ des recettes de la F1.

Les petites écuries sont appelées à prendre leur place en fond de grille, amassent peu ou pas de points pendant la saison et quittent le sport sans faire de bruit quand elles disparaissent - comme ç'a été le cas de l'équipe espagnole HRT l'année dernière. Leurs appels pour diminuer les coûts sont largement restés lettre morte et les écarts entre les grandes et petites équipes ne font que grandir

La plus récente demande pour réduire les coûts remonte à 2009 quand la crise financière mondiale a incité Honda, Toyota et Super Aguri à se retirer de la F1. Des mesures ont été approuvées, y compris l'interdiction de tenir des essais pendant la saison. Mais ces modestes initiatives ont presque détruit le sport.

Ferrari s'est adressé au tribunal pour les contrer et l'équipe italienne a menacé avec d'autres équipes de se retirer du championnat 2010 et de participer à un championnat parallèle. Cela ne s'est jamais produit, mais Ferrari, Red Bull, Toro Rosso et Sauber ont quitté l'Association des équipes de F1 principalement en raison de ce contrôle des coûts.

Le débat sur les coûts a repris de plus belle au début de la saison 2013, lorsque certaines équipes semblaient résolues à sacrifier la qualité en faveur de la chasse à l'argent des commandites supplémentaires. Caterham et Marussia - les plus faibles équipes sur la grille - ont largué deux pilotes expérimentés avant la saison pour les remplacer par d'autres qui apportaient de l'argent avec eux.

« Ce n'est certainement pas idéal pour le sport. À la fin, ce devrait être les meilleurs qui sont au volant, a déclaré Timo Glock, qui a été remplacé après deux ans chez Marussia et qui pilote désormais en série DTM pour BMW. Mais ces jours-ci, vous avez besoin de beaucoup d'argent ou d'un contact avec certains des fournisseurs de moteurs qui peuvent aider l'équipe. C'était déjà comme ça dans le passé, mais pas à ce point. »

Les deux équipes ont défendu leur choix de pilotes et insisté sur le fait que le véritable problème, c'est que la F1 n'avait pas de plan réel pour assurer que le sport demeure viable à l'avenir. Elles ont fait valoir la nécessité de contenir les coûts de la F1, le président et directeur sportif de Marussia, Graeme Lowdon, suggérant de suivre le modèle du football et du basketball nord-américains qui ont institué des plafonds salariaux pour créer une plus grande parité dans ces sports.