Les cinq champions du monde engagés dans la saison 2013 de Formule 1 peuvent partir en vacances avec la satisfaction du devoir accompli, le plaisir du travail bien fait, car grâce à eux le Grand Prix de Hongrie, dimanche, a été remarquable de bout en bout.

C'était un peu comme un concert de hard rock dans un festival d'été, avec des milliers de fans brûlés par le soleil, beaucoup de bruit et de sacrés musiciens, sur un Hungaroring chauffé à blanc. Mention spéciale pour le guitariste au diamant dans l'oreille, Lewis Hamilton, le bassiste déjanté Kimi Räikkönen, et le jeune chanteur blond, Sebastian Vettel, montés dans cet ordre sur le podium.

Hamilton d'abord, entre deux sessions d'enregistrement de son futur album dans un studio londonien, a donné un récital qu'il a lui-même placé, juste après la course, au sommet de la «playlist» de ses exploits en F1: «C'est peut-être une des victoires les plus importantes de ma carrière», a dit le Britannique, conscient de la quantité de travail qu'il avait dû consentir pour en arriver là.

Pendant six mois, Hamilton a fait ses gammes chez Mercedes-AMG, appris à connaître les membres de l'écurie allemande, accumulé les séances d'essai et les bilans avec les ingénieurs. Il a assisté aux victoires et aux poles positions de son coéquipier Nico Rosberg et s'est réjoui des progrès de la marque à l'étoile, car il savait que son tour allait venir.

Depuis le début de l'été, c'est un festival: trois poles d'affilée, à Silverstone, au Nürburgring et samedi au Hungaroring, sur ce circuit où il a encore gagné dimanche, pour la quatrième fois en sept participations. Du coup, Hamilton, 4e avec 124 points, a les moyens de viser le titre, alors qu'il reste neuf manches et donc un maximum de 225 points à distribuer.

Räikkönen phénoménal

«C'est trop tôt pour parler du titre, même si tout est toujours possible en F1», a dit Hamilton dimanche. Sauf qu'il n'est plus qu'à dix points de Räikkönen et neuf points de Fernando Alonso, au bout d'une demi-saison en tous points remarquable: neuf fois sur dix dans le Top 5, dans une voiture qui usait beaucoup trop ses pneus. Ce n'est plus le cas, et ça change tout.

En matière de régularité, Räikkönen se pose un peu là. Le bassiste du groupe a encore assuré, dimanche, devant des milliers de ses fans finlandais. Il est l'un des piliers de la F1 actuelle, aussi efficace que populaire, aussi discret dans le paddock que phénoménal sur la piste: une victoire et cinq deuxièmes places en dix manches, toujours dans les points (27 GP d'affilée), souvent sur le podium (75 au total).

La manière dont il a fermé la porte à son futur coéquipier éventuel, Vettel, en fin de course, va sûrement faire réfléchir le triple champion du monde allemand pendant ses vacances. En conférence de presse, «Baby Schumi» est arrivé hébété par la violence de l'échange avec «Iceman», puis il a repris ses esprits et admis qu'il n'avait pas été assez bon. Il reste l'idole des fans, avec ses boucles blondes et son joli filet de voix.

Les deux autres membres du Club des Cinq n'ont pas eu droit au podium, mais n'ont pas démérité. L'Espagnol Fernando Alonso (Ferrari), 5e, n'a pas pris le départ de ses rêves, mais a limité les dégâts. Le Britannique Jenson Button (McLaren), 7e, a bien animé la fête, sur un Hungaroring qu'il apprécie beaucoup, comme Hamilton. Et comme il n'est pas jaloux de la réussite de son ex-coéquipier, il l'a laissé passer un peu plus facilement que Vettel...