Après trois années de vaches maigres, Mercedes ne fait pas que clamer son ambition d'être championne du monde. L'écurie du constructeur allemand Daimler AG s'en donne réellement les moyens. Et - déjà - ça marche!

Nouvel homme fort de Mercedes, Toto Wolff incarne l'ambition retrouvée en Formule 1 du géant allemand de l'automobile Daimler AG. L'homme d'affaires autrichien a pris cette année les rênes de l'équipe pour en faire une championne du monde. Le plus tôt possible. Il s'en explique auprès de La Presse.

Q: Un peu plus de quatre mois après votre arrivée à la tête de Mercedes AMG F1, quelle analyse faites-vous de la situation?

R: Quand une équipe ne fonctionne pas, c'est sur des détails. La structure fonctionne s'il y a les meilleures personnes aux positions où elles sont les meilleures. Et pour ça, il faut analyser et je ne suis pas encore arrivé à une conclusion. On a changé quelques rôles, quelques compétences, mais il n'y a rien de profond, il s'agit d'optimiser. À l'intérieur de la société, on essaie de définir où sont les déficits.

Q: Pourquoi avoir accepté l'offre de Mercedes alors qu'en début d'année, vous étiez directeur exécutif de Williams?

R: Je suis avec Mercedes depuis sept ans en DTM, on a une société ensemble pratiquement. Quand j'ai racheté des parts de Williams et que j'ai commencé à gérer ça activement, c'était génial. Mais lors du départ de Norbert Haug de Mercedes, il y a eu la possibilité de le remplacer à la tête de l'équipe et d'y occuper une position non seulement en tant que partenaire actionnaire, mais également en tant que responsable du programme mondial de sports motorisés de Mercedes.

Q: Être actionnaire dans une écurie et y être directeur, ce n'est pas la même chose...

R: Oui, mais c'est ce que Mercedes voulait. Ils voulaient avoir un partenaire gestionnaire, quelqu'un qui n'est pas seulement un dirigeant mais qui partage aussi les risques et les bénéfices. Ils peuvent donc être sûrs que tout ce qu'on décide n'est pas politique mais pour le bien de deux actionnaires.

Q: Pourquoi cette écurie n'a-t-elle pas eu le succès escompté pendant trois ans?

R: Il faut que tout s'imbrique, et tout ne s'est pas imbriqué.

Q: Mercedes aurait-elle pu arrêter la Formule 1 avant votre arrivée?

R: Oui, Mercedes aurait pu arrêter la Formule 1 mais ils ont décidé de ne pas faire comme tous les autres constructeurs automobiles, prendre une décision à très court terme. Ils ont pris la décision de rester en F1 à long terme.

Q: Pourquoi cette ambition de Mercedes de vouloir absolument réussir en Formule 1?

R: Parce que je crois que l'ADN de Mercedes, ce sont les Flèches d'argent, c'est la course, la compétition, la technologie. Et la Formule 1 possède tout ça.

Q: Mercedes est mieux armée que les saisons précédentes pour réussir?

R: Mercedes est mieux armée parce qu'il y a eu un changement de gestion, d'ingénieurs, je crois qu'il y a des gens très compétents qui ont rejoint la société. On est donc beaucoup mieux positionnés que les années antérieures.

Q: La F1 est-elle une vitrine pour Mercedes ou y a-t-il une volonté de faire ce qu'a fait Ferrari dans le milieu?

R: L'ADN de Mercedes, c'est la course et les victoires. D'un côté, il y a une volonté de bien faire pour la marque, pour le dynamisme, pour la sportivité de la marque Mercedes. Mais d'un autre côté, c'est un choix de marketing stratégique. Mercedes vend plus de 80% de ses voitures dans des marchés mondiaux où se tiennent des Grands Prix.

Q: C'est un gros défi car aucun constructeur automobile n'a réussi auparavant en F1...

R: Oui. Nous sommes le dernier dinosaure. Je crois que les autres ne se sont pas donné assez de temps. Je crois qu'ils n'ont pas compris que construire une équipe en Formule 1 qui a du succès durablement, ça prend du temps. Il faut du temps pour former une équipe. On ne peut pas accélérer et aller plus vite, il faut des années.

Q: Mercedes se donne-t-elle une échéance?

R: Mercedes m'a donné le mandat d'être le plus compétitif le plus tôt possible. On ne peut pas parler en termes d'années. Ils ont compris qu'il faut du temps pour ça.

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MERCEDES EN F1

1954 : Quatre ans après la naissance de la Formule 1, Mercedes-Benz effectue son retour dans le sport motorisé de haut niveau avec ses W196 qui permettent à Juan Manuel Fangio de devenir champion du monde de F1 pour la deuxième fois.

1955 : Les W196 de Mercedes confirment leur suprématie. Fangio décroche un troisième titre de champion du monde, les Flèches d'argent remportent cinq des sept courses au calendrier. Mais la marque allemande annonce son retrait de la compétition.

1993 : L'écurie Sauber en F1, son partenariat avec Mercedes se concrétise par un soutien technique qui prend réellement forme la saison suivante.

1994 : Mercedes est le motoriste de Sauber en lui fournissant son Ilmor V10. Mais le 28 octobre, Mercedes annonce qu'il s'engage avec McLaren.

1995 : C'est le début d'une association exclusive avec McLaren, qui durera jusqu'en 2008.

1998 : McLaren Mercedes est championne du monde des constructeurs, Mika Häkkinen, champion du monde des pilotes. Il l'est à nouveau en 1999.

2008 : Lewis Hamilton est champion du monde avec sa McLaren Mercedes.

2009 : Toujours motoriste pour McLaren, Mercedes l'est également pour Force India et Brawn GP avec qui il est champion du monde des pilotes et des constructeurs. À la fin de la saison, Mercedes achète Brawn GP.

2010 : Brawn GP devient Mercedes GP Petronas.

2012 : Nico Rosberg, au volant d'une Mercedes AMG Petronas, remporte le Grand Prix de Chine.