La Formule 1 effectue cette semaine un retour à Bahreïn, braquant les projecteurs sur un championnat qui a fait la sourde oreille aux critiques et maintenu sa course pendant une crise politique sanglante qui a secoué l'un des plus importants alliés de l'Occident dans la région.

Le Grand Prix de Bahreïn attire moins l'attention qu'il y a un an lorsque le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone, avait décidé à la dernière minute de présenter l'épreuve malgré les appels au boycottage de certains groupes de pression.

Mais les critiques se sont intensifiées au cours de la semaine dernière lorsque des explosions ont remis à l'avant-scène des problèmes de sécurité.

Un rapport de Human Rights Watch a aussi prétendu que les autorités ont procédé à des arrestations parmi les militants vivant à proximité du circuit dans le but de réduire au «silence» la dissidence avant la course de dimanche.

«La course est maintenue et notre position est de la qualifier pour ce qu'elle est. Il s'agit d'un événement politique qui servira à passer sous silence les violations graves aux droits de la personne», a déclaré Nicholas McGeehan, un chercheur dans cette région du monde pour Human Rights Watch.

Les organisateurs aimeraient, on le comprend, diriger toute l'attention sur la piste, où l'on a droit à une autre saison palpitante après la victoire de Fernando Alonso (Ferrari) au Grand Prix de Chine, qui y est devenu le troisième vainqueur en autant de courses.

Alonso sera au centre de l'attention, lui qui a mis fin à une disette de 12 courses sans victoire à Shanghai et est désireux de prouver à Bahreïn que Ferrari peut tenir tête cette année au triple champion du monde Sebastian Vettel.

Ecclestone, comme il l'a fait dans le passé, a insisté sur le fait que le circuit est sécuritaire et que la course aurait lieu. Les organisateurs locaux prétendent que la course est cruciale pour l'économie fragile de la nation.

Ecclestone a mentionné qu'il avait parlé aux deux parties l'an dernier et qu'il était de nouveau prêt à rencontrer des représentants des manifestants et des autorités si nécessaire.

Il est conscient que les gens utiliseront le plus important événement sportif dans le pays pour faire avancer leur cause. Mais on ne doit pas oublier, selon lui, les bénéfices économiques positifs générés par cette course.

Il reste à voir combien d'amateurs feront le déplacement à Bahreïn alors que les mesures de sécurité seront rehaussées et que des affrontements quotidiens sont attendus entre les autorités sunnites et la majorité chiite en quête d'une plus grande voix politique.

La course l'année dernière n'a pas été perturbée. Mais elle a été éclipsée par d'énormes manifestations anti-gouvernementales et une bombe incendiaire a brièvement retardé une voiture de Force India et incité l'équipe à se retirer de la deuxième séance d'essais.