Peu de pilotes dans les paddocks regrettent cette équité qui offre, pour la première fois de l'histoire de la F1, six vainqueurs en début de saison. La réglementation et les pneus sont avancés en guise d'explication. Beaucoup estiment que la logique sera tout de même respectée d'ici la fin de la saison.

Tout le monde applaudit à ce début de championnat imprévisible jamais vu depuis 1950. Ou presque. Au tout début du mois, Fernando Alonso a émis un bémol en affirmant que la Formule 1 «peut perdre en crédibilité». Sans se plaindre réellement de cette apparente parité, le pilote de Ferrari a rappelé que la perception des amateurs pouvait être biaisée. «Il faut que ce soit clair qu'une victoire en course est acquise parce que vous avez été le meilleur. Je ne suis pas sûr que ce soit clair pour tout le monde», a-t-il dit sur le site planetf1.com.

Alonso a évoqué de nouveau le sujet jeudi: «Je suis surpris cette année. La saison 2011 était complètement à l'opposé. Une voiture a dominé la saison et Sebastian [Vettel] au même moment l'an passé avait à peu près 100 points d'avance sur tout le monde. Après six courses cette saison, c'est très différent de l'an passé.»

Pour le président du Grand Prix du Canada, François Dumontier, «c'est une bonne chose».

«Ça devrait toujours être comme ça, dit-il. On a eu des saisons où c'était pas mal prévisible: quand le gars partait premier, il gagnait. Ici, étant le septième Grand Prix de la saison, on a souvent été un tournant les années passées. On arrive à Montréal et il y a six gagnants. Si notre circuit était déjà excitant avant, ça va être amplifié cette année.»

«Bien évidemment, c'est plus excitant. Il n'y a pas d'équipe qui domine. Cela satisfait les fans», ajoute Bruno Senna, le pilote de Williams.

Deux explications à cette situation particulière sont avancées.

«La réglementation n'a pas beaucoup évolué depuis deux ans, ce qui fait que les équipes et les voitures se sont rapprochées. Les qualifications sont ouvertes et serrées», fait remarquer Romain Grosjean.

Mais comme le dit le pilote de Lotus Renault, «il y en a qui arrivent à mieux utiliser les pneus que d'autres». La meilleure illustration jusqu'à présent est sans doute la victoire de Pastor Maldonado (Williams) à Barcelone. Le Vénézuélien a montré que peu importe les moyens, il faut savoir exploiter les fenêtres optimales d'utilisation des pneus Pirelli.

Ces pneus ont suscité des grincements de dents quant à leur comportement. Des écuries estiment ne pas avoir eu assez de temps pour s'y adapter.

«Ce début de saison, c'est à cause des pneus qui sont très sensibles à la température et aux conditions de piste différentes. C'est un peu ça, le secret et l'explication des vainqueurs différents», estime Nico Rosberg (Mercedes).

Certains font remarquer qu'il n'y a jamais eu autant de voitures et de pilotes en course dans l'histoire de la F1. Mark Webber, lui, concède que son équipe (Red Bull) est moins régulière cette année et que les autres équipes s'améliorent également.

«C'est difficile de tout maîtriser et les équipes sont très proches les unes des autres. C'est sûr que les pneus ont un gros impact sur les performances. Mais on n'aura pas 20 vainqueurs différents, c'est impossible (rires)», ajoute son coéquipier Sebastian Vettel.

Pour Alonso, il y a tout de même une certaine tendance. «J'apprécie la saison jusqu'à maintenant. Elle est imprévisible, mais en même temps les grosses équipes mènent le championnat. On voit que Red Bull, McLaren, Ferrari, Lotus et Mercedes sont devant. Alors même s'il y a des surprises, même si les équipes moyennes font bien, à la fin, l'expérience et la constance font la différence.»

«C'est un championnat intéressant, même si je pense que d'ici la fin, les choses vont redevenir plus normales», conclut-il.