Button s'amène à Montréal au septième rang du classement. Le pilote McLaren connaît un début de saison difficile. Mais il ne désespère pas: s'il a appris une chose à Montréal l'an passé, c'est que vraiment tout est possible.

Il y a un an, l'Anglais remportait l'une des courses les plus folles de l'année. Une victoire unique, peut-être sa plus belle en carrière. Parti loin sur la grille, tombé au dernier rang, le pilote de 32 ans a été impliqué dans deux collisions et a dû remonter tout le peloton.

Il était finalement deuxième dans le 70e et dernier tour. Devant, Vettel, déjà leader incontesté de la saison, semblait filer vers une autre victoire. Puis, Button l'a passé avec un demi-tour à faire. Les nerfs à vif, excédé par cette course déjantée, il lui a fallu des heures avant de finalement s'endormir.

«Je ne me rappelle plus très bien comment s'est déroulée la nuit après la course...On a célébré à l'hôtel avec les amis, la famille, l'équipe, comme toutes les victoires. Mais celle-là était très différente, s'est rappelé Button hier, de retour sur le circuit Gilles-Villeneuve. Je ne dirais pas qu'il s'est agi d'une victoire surprise, mais je ne m'y attendais pas du tout durant la course. L'adrénaline a coulé dans mes veines pendant des heures.»

Le champion du monde 2009 a depuis souvent regardé les images de sa victoire à Montréal. «Je l'ai visionnée par après. Je l'ai même visionnée encore cette saison. Il reste dix tours à faire et ç'a l'air impossible de gagner! C'est un week-end spécial pour moi, sans aucun doute, dit-il. Avec un peu de chance, je pourrai vivre d'autres moments comme celui-là dans les prochaines années. Mais ils ne se produisent pas souvent. Je chéris ce moment plus que tout.»

Button est arrivé à Montréal mercredi. Hier, le triathlète aguerri a parcouru 75 km à vélo sur le bord du canal de Lachine, histoire de se délier les jambes. «Montréal sait faire les choses en matière de pistes cyclables!», a lancé l'athlète sur son compte Twitter.

Il espère maintenant répéter l'exploit de l'an dernier. Après une victoire en début de saison à Melbourne, Button a connu de piètres résultats. «Les trois dernières courses ont été plus difficiles. Ç'a beaucoup à voir avec les qualifs: on se met dans une mauvaise position dès le départ. Non, tous les morceaux ne sont pas encore en place», déplore le pilote.

Vettel et Webber en veulent

Sebastian Vettel est revenu hier sur sa déconfiture de l'an dernier. Il s'est défendu d'avoir flanché sous la pression après avoir mené l'ensemble de la course. «L'an dernier, la course s'est déroulée dans des conditions difficiles. Ç'a été une course fantastique, excepté le dernier tour, a expliqué l'Allemand. Je n'ai pas fait d'erreur jusque dans ce dernier tour. J'aurais pu perdre la course avant. C'est comme ça, c'est la course, je ne me plains pas. Je n'ai pas revu les images de l'an dernier. Ce serait bien de gagner ici à Montréal cette année.»

Si Sebastian Vettel s'amenait l'année dernière au Québec en vainqueur presque assuré du titre, les choses sont tout autres aujourd'hui. L'Allemand est deuxième, ex aequo avec son coéquipier Mark Webber.

Pour Red Bull, Montréal représente un défi particulier. Le Grand Prix du Canada est le seul, avec celui des États-Unis, que l'omnipotente écurie n'a pas encore remporté.

«L'équipe est compétitive depuis deux, trois saisons et pourtant la victoire à Montréal nous échappe, déplore Mark Webber. Manifestement, Sebastian [Vettel] est passé bien proche l'an dernier, mais a perdu sa concentration à la fin et Jenson était là pour en profiter.»

«Mais c'est un beau problème à avoir, d'avoir remporté tant de courses dans le monde mais pas à Montréal. Bien sûr, on aimerait le régler...», a dit à la blague l'Australien de 35 ans.

Le leader du championnat a lui aussi besoin d'engranger les points. Fernando Alonso n'a que trois petits points d'avance sur ses poursuivants de Red Bull. Mais hier, le ferrarista a rappelé que même s'il a fini premier sur le circuit Gilles-Villeneuve en 2006, ses résultats ici sont loin d'être constants.

«Il n'y a pas beaucoup de traction ici comparé à d'autres circuits. Il y a une longue ligne droite, les clôtures sont proches et il n'y a pas de marge d'erreur. C'est un circuit difficile, juge-t-il. Historiquement, j'ai eu des hauts et des bas ici. Je pense qu'en neuf courses ici, j'ai cinq abandons! Ce n'est pas un nombre normal...Cette année, je veux vraiment bien faire.»

Voilà pour les grosses pointures. La présente saison a donné six vainqueurs en autant de courses jusqu'à maintenant. Montréal représentera-t-elle le tournant? Ou bien un septième pilote différent l'emportera-t-il dimanche pour confondre les sceptiques?

Le Français Jean-Éric Vergne aimerait être celui-là. Le Toro Rosso a rappelé que cette saison était imprévisible. Bien sûr, il n'a jamais roulé dans l'île Notre-Dame. «Mais c'est mon circuit favori sur la PlayStation, a lancé le jeune pilote. C'est une piste que j'aime. J'espère que ce sera la même chose en vrai demain[aujourd'hui] ! »

Dans cette saison folle, sa victoire ne serait qu'une surprise de plus...

Avec la collaboration de Sébastien Templier