Ferrari connaît un début de saison difficile. L'écurie n'est qu'à un tout petit point de tomber au quatrième rang. Le coupable tout désigné? Felipe Massa. Déjà des noms circulent pour le remplacer. Car la Scuderia doit gagner, et vite.

À chaque peuple ses feuilletons sportifs. Alors que les Québécois ont spéculé pendant des semaines sur le nom du prochain entraîneur du Canadien et que l'Angleterre tout entière est à imaginer en quelles circonstances humiliantes son équipe va cette fois-ci se faire éliminer à l'Euro qui commence demain, les amateurs de F1 italiens, eux, désespèrent de Felipe Massa.

Le Brésilien est devenu le bouc émissaire tout désigné pour le début de saison décevant de la Scuderia. Il arrive à Montréal au 14e rang du classement des pilotes. Ses résultats cette année - abandon, 15e, 13e, 9e, 15e, 6e - sont à des années-lumière de ce à quoi on s'attend d'un ferrarista. Le tout alors que Massa se remet d'une saison 2011 peu reluisante, terminant sixième, mais sans réussir aucun podium.

Les critiques se sont multipliées dans les médias italiens. Plusieurs pensaient déjà que la saison 2011 serait sa dernière à Maranello. Les mêmes estiment aujourd'hui qu'il pourrait ne pas survivre à l'hiver.

Dans la tempête, Ferrari s'est jusqu'à maintenant montrée réservée sur le sort du pilote qui l'a aidé à remporter le championnat des constructeurs en 2007 et 2008.

Un tweet envoyé après le Grand Prix d'Espagne par l'écurie a relancé les spéculations sur un départ en cours de saison. Ferrari s'y disait, en moins de 140 caractères, «déçue» de la performance du pilote de 30 ans. Un commentaire immédiatement rectifié par un porte-parole: «C'est un mauvais choix de grammaire. Nous sommes déçus avec le résultat pour Felipe, mais pas de Felipe lui-même.»

Comme un soviétologue ou un vaticaniste, l'amateur de F1 doit user d'intelligence pour scruter les arcanes de l'écurie italienne. La version officielle est lisse. «Nous n'avons pris aucune décision sur l'avenir de Felipe. On ne prend jamais de décision avant la mi-saison, a assuré le président de l'écurie, Luca di Montezemolo. Mais je suis certain que, puisque nous améliorons la voiture sans cesse, celle-ci va devenir moins dure à conduire. Et je m'attends à de meilleurs résultats pour Felipe, comme ceux de Monte-Carlo, parce qu'à Monaco, il a été très rapide.»

Mais la version officieuse est plus tortueuse. Alors que le contrat de Massa tire à sa fin, Ferrari aurait déjà approché Mark Webber pour l'année prochaine. Des médias avancent même que Sebastian Vettel a déjà signé un contrat avec l'écurie italienne pour 2013. Des allégations que l'Allemand s'est empressé de nier.

 

Alonso sur un nuage

Le principal intéressé admet que son avenir en Italie est flou. «Pour l'instant, je n'ai aucune idée de ce que je vais faire la saison prochaine. Mon avenir s'arrête à la prochaine course», dit Massa.

«Tout ce que je souhaite, c'est de rester en F1 dans une bonne équipe, poursuit-il. Si je ne peux pas faire ça, si je dois me joindre à une petite équipe, je ne sais pas si je vais continuer le sport.»

Son coéquipier Fernando Alonso l'a assuré de son soutien. «À Monaco, les choses semblaient mieux aller. Alors, espérons qu'à partir de maintenant, tout ira mieux pour lui», a dit l'Espagnol.

Mais dans les faits, Alonso est peut-être le plus grand bénéficiaire de la situation. Les contre-performances de son coéquipier ont permis à la planète entière de constater ses qualités de pilote. Car avec la même monoplace réputée difficile - la F2012 -, Alonso trône au sommet du championnat des pilotes. Ses 76 points le placent juste devant Vettel et Webber.

«Alonso est en tête du championnat des pilotes. Et le fait qu'il puisse réussir cet exploit malgré la F2012, qui a récolté moins de points que les Red Bull et les McLaren, donne une bonne idée de sa soif de victoire avec Ferrari», écrivait récemment La Gazzetta dello sport.

«Fernando est le négligé et il conduit comme un négligé. Je ne m'attends à rien de moins de lui. Il est double champion du monde et probablement le meilleur pilote», concède même Lewis Hamilton.

Les succès du champion du monde 2005 et 2006 font mal paraître Massa. Et Ferrari sait très bien qu'avec un deuxième pilote plus constant, elle pourrait faire la course à Red Bull et McLaren. Plutôt que de se battre pour le troisième rang contre Lotus.

Photo AFP

Même avec une monoplace réputée difficile - la F2012 -, Fernando Alonso trône au sommet du championnat des pilotes.