McLaren a entamé la saison en pleine confiance. À l'issue des essais d'hiver, sa voiture était réputée la plus rapide du peloton. La MP4-27 et sa traditionnelle livrée argent portaient les espoirs de la célèbre écurie anglaise.

Jenson Button et Lewis Hamilton avaient terminé respectivement deuxième et cinquième de la saison dernière. Ils feraient certainement mieux cette année. Dans le paddock, on murmurait que McLaren avait toutes les cartes en main pour mettre un terme à la domination de Red Bull.

Mais après six courses et près du tiers du championnat envolé, l'équipe huit fois championne semble bien campée au deuxième rang. Et à chaque course, l'écart qui la sépare de Red Bull se creuse un peu plus.

«L'équipe a indéniablement du travail à faire parce qu'on perd du terrain course après course, a lancé Lewis Hamilton après le Grand Prix de Monaco, dans une critique à peine voilée de son employeur. Les autres sont de plus en plus rapides.»

McLaren avait pourtant entrepris la saison en fanfare. Jenson Button a remporté le Grand Prix d'Australie le 18 mars, son coéquipier Hamilton, prenant la troisième place. L'écurie occupait le haut du classement des constructeurs. Mais les choses se sont vites envenimées.

Button est allé de mauvais résultat en mauvais résultat (1er, 14e, 2e, abandon, 9e, abandon), alors que Lewis Hamilton a connu des résultats moins calamiteux mais tout aussi insuffisants (3e, 3e, 3e, 8e, 8e, 5e).

Résultat? McLaren s'amène à Montréal fragilisée. Elle occupe la place qu'elle semble préférer plus que toutes les autres, la seconde. Depuis sa dernière victoire en championnat, en 1998, l'écurie fondée par Bruce McLaren a fini deuxième à sept reprises.

La MP4-27 est soudainement devenue douteuse et Hamilton, champion 2008, ne s'est pas gêné pour la critiquer dans les derniers jours. «Je me sens au mieux de ma forme. Je pilote mieux que jamais. Je ne fais pas d'erreurs, a-t-il insisté. Je me sens libéré quand je quitte la piste parce que je sais que je n'aurais pas pu faire mieux.

«Malheureusement la voiture n'est pas assez rapide, a continué Hamilton, accusant le coupable tout désigné. On doit améliorer les temps parce que les autres sont plus vites que nous en course. On doit pouvoir les suivre.»

Autre exploit de Button à Montréal?

Les difficultés de McLaren ont été en partie occultées par celles qu'a vécues Ferrari. La Scuderia a commencé la saison avec des résultats pires encore, mais s'est rattrapée dans les dernières courses.

Voilà pourquoi les Anglais veulent à tout prix engranger des points sur le circuit Gilles-Villeneuve. D'autant que la plus belle victoire en carrière de Jenson Button a été remportée l'année dernière à Montréal.

Parti loin sur la grille, à un moment relégué à la 21e position, impliqué dans des accrochages avec Hamilton et Alonso, Button a réussi 34 dépassements pour finalement coiffer Sebastian Vettel dans le dernier tour. C'était sa première victoire au Grand Prix du Canada.

Mais avant d'embarquer dans un avion pour le Québec, Button a avoué qu'il ne croyait pas avoir la voiture nécessaire pour rééditer l'exploit. «J'ai de bons souvenirs de Monaco, mais d'encore meilleurs du Canada en 2011», a-t-il lancé après la course tenue dans la principauté.

«Mais on dit que ceux qui sont rapides à Monaco le seront au Canada. Il faut des voitures avec une bonne traction, une bonne adhérence à basse vitesse et certains ont démontré qu'ils avaient ça dans le peloton: Ferrari, Red Bull, Mercedes», a dit le champion du monde 2009.

En d'autres mots: nous avons connu des misères à Monaco (Hamilton, cinquième et Button, forcé à l'abandon), je ne vois pas pourquoi nous n'en connaîtrions pas à Montréal.

Les monoplaces sont souvent modifiées avant d'arriver à Montréal. La course en sol canadien est propice aux innovations étant donné sa place dans le calendrier: assez de courses ont été courues pour connaître les problèmes, mais le championnat est loin d'être joué.

«La deuxième place n'est tout simplement pas assez bonne pour nous», avait déclaré le directeur de l'écurie, Martin Whitmarsh, à l'issue de la saison 2011.

McLaren aura besoin d'améliorer sa MP4-27 et de revoir ses stratégies de course d'ici dimanche. Ou bien l'écurie sera encore confiné au rôle qui lui va si bien dernièrement. Celui de second violon.