Le promoteur du Grand Prix du Canada suit de près l'évolution de la grève étudiante, alors qu'au moins une association a déclaré son intention de perturber le week-end de la course qui aura lieu le 10 juin.

François Dumontier a confié, hier, que l'équipe de sécurité du Grand Prix avait eu des rencontres avec le SPVM et la STM à propos de possibles perturbations. «Je ne nie pas qu'on suit ça du coin de l'oeil et qu'on va suivre l'évolution du conflit dans les prochains jours», explique le promoteur, qui a repris l'organisation de l'événement après le départ de Normand Legault.

Le conflit qui oppose le gouvernement aux quelque 150 000 étudiants en grève depuis 100 jours pourrait être réglé avant le coup d'envoi de la course. Mais dans le cas contraire, plusieurs signes laissent entendre que le Grand Prix sera une cible de choix pour les manifestants.

Dans les derniers jours, le slogan «Charest, tu ris, mais check ben ton Grand Prix» a été repris dans plusieurs manifestations.

Réunis en assemblée générale le 9 mai dernier, les étudiants de la faculté des arts de l'UQAM ont adopté une résolution appelant la CLASSE à «organiser une fin de semaine de perturbations en vue de l'annulation du Grand Prix de Formule 1 et ses événements jet-set qui représentent des valeurs sexistes, non environnementales, élitistes et économiques à abolir».

Joint hier par La Presse, un porte-parole de la CLASSE a précisé que l'organisation n'avait pas encore décidé de sa participation à de telles actions.

Dumontier est lui-même dans le brouillard. «Il n'est pas clair que nous serons ciblés, dit-il. Mais manifestations étudiantes ou pas, on est un événement international et on a déjà un plan de sécurité qui va du simple méfait jusqu'à des perturbations plus importantes. Donc, une manifestation étudiante, c'est une action de plus qu'on surveille.

«Le Grand Prix est souvent ciblé parce que nous sommes un événement de grande envergure, poursuit-il. On a vécu des situations similaires dans le passé - dans le cas de syndicats en grève, par exemple - même si aucune n'avait cette ampleur.»

L'homme d'affaires croit que les critiques qui en font un événement élitiste sont mal fondées. «Certains visent le Grand Prix et disent que c'est capitaliste et qu'il y a plein d'argent là. Mais il ne faut pas oublier que ça amène beaucoup d'argent neuf à Montréal, insis- te-t-il. Ça permet aussi d'offrir une job à plusieurs étudiants, que ce soit dans les concessions, dans notre organisation ou dans les boutiques et restaurants.»

D'autres grands événements pourraient aussi être la cible de manifestations étudiantes dans les prochains jours. Mais le lieu du Grand Prix du Canada, dans l'île Notre-Dame, pose une problématique particulière. Il est plus difficile d'accès. Mais en contrepartie, le métro est essentiel pour les dizaines de milliers d'amateurs de spectateurs qui s'y rendent en transports en commun.

«C'est sûr que la situation géographique n'est pas la même pour le Grand Prix. Le Festival de jazz, les Francofolies sont en plein centre-ville. Nous sommes sur une île, sur un site privé. Notre clientèle prend le métro.»

François Dumontier assure qu'il n'est pas «inquiet», mais dit garder les yeux bien ouverts. «On va travailler avec les autorités publiques», indique le promoteur.