Alors que les frais annuels requis partout dans le monde pour la tenue d'un Grand Prix ne cessent d'augmenter, Bernie Ecclestone emprunte une autre approche à Montréal. Selon François Dumontier, le grand patron de la F1 a décidé de ne pas demander le «gros paquet», et de plutôt exiger des rénovations au circuit Gilles-Villeneuve.

L'agrandissement des garages représente «l'élément principal» des négociations qui ont cours entre les divers ordres de gouvernement et Bernie Ecclestone, a expliqué hier le promoteur du Grand Prix du Canada.

«Je pense que ces rénovations valent la peine. Il y a deux façons de voir les choses: soit Bernie va demander des frais annuels mirobolants, soit il va demander des frais raisonnables en demandant en contrepartie d'investir dans les infrastructures», a analysé hier M. Dumontier, lors d'un entretien dans le paddock au circuit de Catalogne.

Le contrat pour la tenue du Grand Prix du Canada arrivera à échéance en 2014. Des pourparlers ont bel et bien été entamés en février afin de prolonger la durée de l'entente jusqu'en 2024, confirme M. Dumontier.

Les gouvernements paient à l'heure actuelle 15 millions par année pour que la course reste à Montréal. Ecclestone n'exigerait pas une hausse substantielle de cette somme, mais plutôt des investissements de 15 millions dans les installations du circuit. Rappelons que ces redevances ont tendance à être beaucoup plus élevées ailleurs: Bahreïn aurait payé 40 millions de dollars pour la tenue de son controversé Grand Prix en avril, et il en coûte environ 26 millions à Valence.

«Bernie aurait pu revenir et demander le gros paquet. Mais je sais qu'il ne demande pas tant que ça en frais de course. Il leur a dit: mettez de l'argent dans vos infrastructures et je vais être content, a expliqué M. Dumontier. Moi, si j'étais la Ville, le gouvernement du Québec ou le fédéral, je verrais ça comme un investissement. Si c'est bien fait, ces infrastructures vont durer 25, 30 ans.»

Le président d'Octane Management rappelle qu'en 2008, Bernie Ecclestone exigeait 175 millions en cinq ans pour que la course reste à Montréal. Les gouvernements avaient alors refusé de payer une telle somme et le Grand Prix n'avait pas eu lieu en 2009. L'entente de cinq ans qui a finalement été conclue cette année-là prévoit des redevances de 75 millions en cinq ans. «Bernie a mis de l'eau dans son vin», note M. Dumontier

Des garages d'une autre époque

Assis dans le paddock à Barcelone, François Dumontier montre du doigt les garages qui bordent le circuit de Catalogne. «Regarde, les leurs sont tellement meilleurs et ce ne sont pas parmi les plus récents sur le circuit. Ils ont deux étages en haut des garages, alors qu'on n'en a qu'un, remarque-t-il. C'est surtout dans ça que Bernie veut qu'on mette un peu d'argent.»

Les garages à Montréal ont été construits en 1988 «en un temps record» et commencent à être défraîchis. «On les regarde et on se dit: câline, il faudrait réparer telle chose, telle chose, telle chose...», explique l'homme d'affaires. Les nouveaux garages devraient donc être remis au goût du jour, mais aussi agrandis, notamment afin d'y loger la salle de presse.

Ces pourparlers pour le prolongement du contrat de Montréal surviennent dans un contexte où les États-Unis vont retrouver leur Grand Prix pour la première fois en cinq ans. La course, qui aura lieu en novembre à Austin, pourrait être suivie d'une autre dans la région de New York dès 2013.

«Les négociations ont commencé sur une boutade. À un moment, j'ai dit à Bernie, il y a plusieurs mois: "New York, Austin, je ne sais pas pourquoi tu veux aller là, ta valeur sûre, c'est Montréal", raconte M. Dumontier. Il le sait. Ça fait 34 ans qu'on est à Montréal. Et pendant les 22 ans qu'il y a eu des Grands Prix aux États-Unis, c'est passé dans huit villes différentes. Il m'a dit: "Tu as raison."»

C'est à ce moment que les pourparlers entre les gouvernements et Ecclestone ont débuté. M. Dumontier précise qu'en tant que promoteur de l'événement, il n'est pas engagé dans les négociations, même s'il en connaît la teneur générale.

Il a d'ailleurs rencontré Ecclestone hier à Barcelone et la question du prolongement du contrat a été soulevée. Le grand patron de la F1 ne savait pas que les médias québécois avaient éventé les négociations. Mais il n'en a pas paru ému, selon l'homme d'affaires québécois. «Bernie en a vu d'autres!», remarque M. Dumontier.