La Formule 1 aime bien l'Asie. Le continent représente l'avenir commercial du sport, aime répéter Bernie Ecclestone. N'empêche que chaque année, les pilotes et les écuries sont soulagés lorsque le Grand Prix d'Espagne arrive. Cela signifie le retour aux sources et le début du calendrier européen. Ce sentiment est plus fort que jamais, cette année, dans les paddocks. Le Grand Prix de Bahreïn a été particulièrement déprimant avec, autour du circuit, des gradins complètement vides et au loin, le cri des contestataires.

Mais le grand cirque s'amène cette fin de semaine à Barcelone avec une autre raison de se réjouir: les courses sont enfin... des courses. Et tout peut arriver. Le Championnat est serré comme jamais. Les quatre premiers rendez-vous de la saison ont couronné un pilote différent (Jenson Button, Fernando Alonso, Nico Rosberg et Sebastian Vettel) et les équipes sont nez à nez au Championnat des constructeurs. «C'est excitant!» a lancé cette semaine le directeur d'équipe Red Bull, Christian Horner. Son écurie a remporté les deux derniers Championnats grâce à une domination totale. Elle se retrouve soudainement dans la mêlée cette saison.

«Les courses ont été très bonnes cette année. Bien sûr, nous préférerions une saison ennuyeuse que nous dominerions, mais du point de vue du spectacle, c'est bien d'avoir de la compétition, a dit Horner. C'est bien qu'autant de voitures et de pilotes soient en mesure de remporter un Grand Prix.»

Parmi ces pilotes, il faut ajouter le nom de Romain Grosjean. Le Français de 26 ans, coéquipier de Kimi Raikkonen, connaît un excellent début lors de sa première vraie saison en F1. Il est maintenant huitième au classement des pilotes et plusieurs l'imaginent bien remporter une course cette année. Il a d'ailleurs fini troisième à Bahreïn, devenant le premier Français à monter sur les marches du podium depuis Jean Alesi, en 1998.

Grosjean a conforté les attentes en concluant les essais de Mugello, en Italie - les premiers essais en cours de saison depuis quatre ans - par le meilleur temps la semaine dernière. Portée par ces succès et ceux de Raikkonen (7e), l'écurie Lotus tient bien sa place au troisième rang du Championnat. Red Bull et McLaren se battent quant à elles pour le haut de l'affiche, alors que les poursuivants - Ferrari, Mercedes et Sauber - les gardent bien en vue.

L'inconfort de Ferrari

Les succès de Lotus sont en net contraste avec le départ ardu de Ferrari. L'écurie italienne ne se satisfait pas du quatrième rang et son président l'a fait savoir mardi, à Modène, en marge de l'hommage rendu à Gilles Villeneuve.

«Je suis déçu de notre début de saison. Je ne m'attendais pas à ça, a avoué candidement Luca di Montezemolo. Mes discussions avec les techniciens et nos données techniques me laissaient croire l'inverse.»

Une quatrième place n'est pas catastrophique en ce début de Championnat. Mais il ne se passe pas une journée sans que la presse sportive italienne ne demande des comptes à la Scuderia. Le sort du coéquipier de Fernando Alonso, Felipe Massa, est désormais le sujet de spéculations récurrentes.

Le Grand Prix d'Espagne représente pour Ferrari un test évident. De par sa configuration, le circuit de Barcelone est réputé comme un excellent indicateur du niveau de forme de chaque écurie. Une voiture qui fait bien à Barcelone, dit-on, fera bien ailleurs.

«Je veux une voiture plus compétitive en Espagne. Nous avons couru quatre courses et avons gagné l'une d'elles. Nous sommes encore là, constate l'Italien. On a simplement besoin d'une voiture plus compétitive, plus facile à piloter, qui redonnera confiance aux pilotes.»

Mais Ferrari n'est pas la seule. Toutes les équipes devraient mettre en piste des monoplaces améliorées. La première course en Europe est habituellement le moment choisi pour les innovations. On ne lésinera sur rien, d'autant que la route vers le titre est encore grande ouverte. Les écuries et les pilotes savent qu'elle le sera déjà un peu moins après la course de dimanche.