Six champions du monde sur la grille de départ, 12 écuries ultra-motivées qui ont survécu à la crise économique, 20 Grands Prix au calendrier, des débutants qui n'ont peur de rien ni de personne, la saison 2012 de Formule 1 pourrait bien être celle de tous les records.

Deux hypothèses s'affrontent: soit Red Bull et Sebastian Vettel continuent leur razzia de pole positions, de victoires et de sacres, dans la foulée de 2011, et le titre sera joué au début de l'automne, avec de nouveaux records à la clé; soit la nouvelle réglementation (aérodynamique, échappements, etc.) a permis de resserrer les écarts et tout est vraiment possible.

«Ce sera très serré, plus que l'an dernier», prédit Michael Schumacher, qui entame sa 19e saison de F1. Si l'on se fie à la dernière semaine d'essais de l'hiver, début mars à Barcelone, il n'y a qu'une grosse seconde d'écart entre le 1er et le 20e dans la hiérarchie, une seconde et trois dixièmes plus exactement.

«Il y aura beaucoup de voitures en quelques dixièmes de seconde. C'est bien pour le sport mais ça va rendre les choses plus compliquées, plus difficiles pour nous», ajoute Jenson Button, vice-champion du monde 2011.

Si l'on se place résolument dans le camp des optimistes, on peut imaginer qu'une autre écurie de pointe (McLaren, Ferrari, Mercedes, Lotus), ou plusieurs, sème la zizanie sur les podiums, au moins en début de saison, en attendant que les champions du monde en titre aient terminé de régler leur nouvelle Red Bull RB8 à moteur Renault.

Red Bull favori

C'est là l'hypothèse la plus réaliste, la plus plausible: Red Bull va commencer en douceur, après avoir un peu raté ses essais hivernaux, puis va se remettre à gagner dès que le F1 Circus, après quatre courses exotiques (Australie, Malaisie, Chine, Bahreïn), retrouvera ses marques, ses repères, ses habitudes sur les circuits européens (Barcelone, Monaco, Valence).

Mais il y a une variante: si l'une de ces écuries de pointe, par exemple McLaren, rafle beaucoup de points en début de saison, elle sera plus difficile à rattraper par la suite. Alors que si les seconds couteaux se répartissent équitablement les victoires, les caïds de la boisson énergétique, sûrs de leur force, pourront attendre tranquillement des jours meilleurs.

Mais la F1 n'est pas une science exacte, loin de là, et elle n'est pas toujours logique ou cohérente. La preuve? Alors que cinq des six meilleures écuries de 2011 (Red Bull, McLaren, Ferrari, McLaren, Mercedes, Sauber) n'ont rien changé à leur tandem de pilotes, les sept autres ont changé au moins un élément (Force India, Williams, Caterham, Marussia) voire deux (Lotus, Toro Rosso, HRT).

 

Cinq revenants

Du coup, après ce grand ménage, il y aura cinq revenants sur la grille, le Finlandais Kimi Räikkönen et le Français Romain Grosjean chez Lotus, l'Allemand Nico Hülkenberg chez Force India, l'Espagnol Pedro de la Rosa et l'Indien Narain Karthikeyan chez HRT. Et deux débutants authentiques, les Français Jean-Éric Vergne, chez Toro Rosso, et Charles Pic, chez Marussia (ex-Virgin).

Comme la jeunesse n'a pas plus de pitié que les commanditaires russes ou brésiliens, deux vétérans ont quitté le manège: Jarno Trulli, le viticulteur italien, qui dit crouler sous les propositions de reconversion, et Rubens Barrichello, le sympathique Brésilien, qui va chercher une nouvelle jeunesse en IndyCar. Quant au Suisse Sébastien Buemi (ex-Toro Rosso), 23 ans seulement, il a été «promu» pilote de réserve Red Bull.

Comme si tout cela ne suffisait pas à aiguiser l'appétit des fans de F1, il y aura aussi le retour au programme du Grand Prix des États-Unis, pour la première fois à Austin, au Texas, tout près de la frontière mexicaine, sur un «Circuit des Amériques» en plein désert. Et plein de nouveaux pneus Pirelli, plus tendres, avec des jolies couleurs sur les flancs, pour que les courses soient encore plus animées et amusantes à suivre.

Ça commence le 18 mars à Melbourne et Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, se frotte déjà les mains.

Photo Reuters

il y a cinq revenants sur la grille F1 cette saison, dont le plus connu est le Finlandais Kimi Räikkönen, chez Lotus.