Curieusement, c'est sans doute le moins bien placé des trois candidats sérieux au titre des pilotes de F1 qui détient la clé du championnat du monde. Troisième à 15 points de Fernando Alonso et à 7 de son coéquipier Mark Webber, l'Allemand Sebastian Vettel sera le favori, ce week-end à Abu Dhabi.

Il pourrait toutefois devoir céder la victoire à Webber pour assurer le sacre de son équipe. «Je ne pense pas à cela maintenant, a-t-il expliqué, hier, en conférence de presse officielle. Mon premier objectif, c'est la position de tête, mon deuxième, remporter la course.

«Les favoris, ce sont clairement Mark et Fernando, a poursuivi Vettel. Je vais juste essayer de faire la meilleure course possible et on verra alors où en seront ces deux gars. Si c'est nécessaire, je pourrais analyser la situation et prendre une décision en sachant que je conduis pour une équipe...»

Les dirigeants de l'équipe Red Bull se targuent de ne jamais avoir donné de directives à leurs pilotes - au contraire de Ferrari, dont ils discréditent un éventuel titre. Adrian Newey, le directeur technique de l'équipe, a répété hier que les deux pilotes auraient la liberté de se battre pour le titre, mais qu'il espérait que Vettel soit «magnanime», si cela s'avère nécessaire.

Un doublé Vettel-Webber priverait en effet Red Bull du titre des pilotes si Alonso termine troisième ou quatrième. Par contre, si c'est Webber qui devance Vettel, il sera assuré du titre, quel que soit le classement d'Alonso.

«Nous avons eu quelques bons duels avec Seb (Vettel), des victoires, des podiums, le titre des constructeurs, a rappelé Webber, hier. Nous pourrions évidemment ajouter le crémage sur le gâteau dimanche, mais cela a déjà été une année extraordinaire pour moi et pour Red Bull.

«Dimanche, nous verrons bien comment les choses vont se mettre en place. Fernando est dans la meilleure position, mais tout peut encore arriver. À mon âge (34 ans), je sais que je n'aurai plus beaucoup de chances comme celle-là.»

Alonso: «Premier ou deuxième»

Alonso reste effectivement le mieux placé des candidats au titre, car son avance lui permettrait de profiter de la moindre défaillance de ses rivaux. Le pilote Ferrari n'en est toutefois pas encore là.

«Pour l'instant, nous ne pouvons viser que la première ou la seconde place, celles qui nous assurent mathématiquement le titre, a-t-il expliqué hier. Toute notre préparation, des premiers essais au départ, sera faite en fonction de cet objectif. Partir de la position de tête ou en première ligne serait un énorme avantage, bien sûr. En course, être premier ou deuxième sera d'abord notre priorité. Si ce n'est pas le cas, nous verrons où en seront les autres et nous adapterons notre stratégie. Mais ce n'est pas mon boulot de croire ou de ne pas croire à ce qui va arriver aux autres.»

Pour sa première saison chez Ferrari, l'Espagnol a déjà largement justifié son salaire de 30 millions d'euros. «Après une saison 2009 difficile, chacun de notre côté, nous avons surpassé tous nos objectifs pour cette première année de collaboration, a estimé Alonso. Nous sommes en lutte pour le titre à la dernière course avec les deux pilotes dont la voiture a été la plus rapide toute la saison. Peu importe ce qui arrivera dimanche, la saison 2010 sera un excellent souvenir.»

Mathématiquement, Lewis Hamilton peut encore être champion du monde. À 24 points d'Alonso, ses chances sont toutefois bien minces. «Je dois gagner, c'est évident, a rappelé le pilote de l'équipe McLaren, hier. Mais je n'ai rien à perdre, alors qu'au contraire les trois premiers ont tout à perdre. Je serai à fond d'un bout à l'autre, comme d'habitude...»