Quatrième et cinquième du Grand Prix du Japon de Formule 1, dimanche à Suzuka, les pilotes McLaren, Jenson Button et Lewis Hamilton commencent à perdre pied au Championnat, où ils comptent respectivement 31 et 28 points de retard sur Mark Webber (Red Bull).

Mathématiquement, tout reste encore possible. À 25 points la victoire, et trois courses à disputer en Corée du Sud, au Brésil et à Abou Dhabi, Button comme Hamilton ont de la marge. Un sans-faute rapporterait 75 unités à son heureux auteur.

Mais même une manne aussi importante pourrait ne pas suffire. Car si dans le même temps Webber terminait à chaque fois sur le podium, dont une 2e place, il serait quand même sacré champion.

Un scénario qui n'a rien d'inimaginable tant l'Australien s'est montré constant au plus haut niveau cette saison. Malgré un début d'année poussif, Webber est en effet recordman des podiums -9 en 16 GP- et des victoires -4, ex aequo avec Fernando Alonso (Ferrari)- en 2010.

Il dispose en outre d'un atout exceptionnel: sa Red Bull, quand elle est en forme, n'a pas d'égale. Button le reconnaît bien volontiers. À Suzuka, où Webber, 2e, a terminé juste derrière son coéquipier Sebastian Vettel, «les Red Bull étaient imbattables», a affirmé le champion en titre.

Et comme «Fernando était rapide sur la Ferrari», «cela devient de plus en plus difficile», a-t-il poursuivi. Surtout si l'écurie McLaren est aussi maladroite ou aussi peu inspirée qu'elle l'a été au Japon.

«D'abord j'ai commis une erreur vendredi -il est parti dans un mur-, puis nous avons changé la boîte de vitesses, ce qui m'a fait prendre une pénalité (de 5 places) sur la grille. Ensuite j'ai eu un autre problème de boîte en course», a énuméré Hamilton.

Embûches

«Au niveau malchance, je crois avoir à peu près tout eu, a-t-il pesté. C'est définitivement un week-end à oublier. L'un des pires dont je puisse me souvenir.» Pour rappel, le champion 2008 n'avait déjà pas marqué de points aux deux derniers GP, pour être entré en collision avec d'autres pilotes.

Moins infortuné, Button, lui, peut s'en vouloir d'avoir, pour une fois, commis une erreur de stratégie au Japon, quand son intelligence de course est justement son point fort.

Ses changements de pneus à contre-courant de ses adversaires se sont révélés contre-productifs. Mais «quelle que soit la stratégie choisie dimanche, la 4e place était la meilleure à laquelle nous puissions prétendre», a tranché «JB».

Les ingénieurs de McLaren, à la pointe de l'efficacité ces dernières saisons, participent également au naufrage japonais. «On est venu à Suzuka avec beaucoup de nouvelles pièces. Certaines ont marché, mais il reste du travail à accomplir sur d'autres», a remarqué Jenson Button.

«Maintenant, il faut juste espérer que quand on mettra le nouveau package en Corée du Sud, nous en tirerons le meilleur. Et qu'à la prochaine course, nous aurons le niveau que nous nous attendions à avoir ici», a-t-il rappelé.

Le problème pour McLaren est que Red Bull, avec deux pilotes sur le podium du Championnat et Ferrari, qui croit plus que jamais en Alonso, vont également jeter toutes leurs forces dans la bataille.

Il ne reste plus alors qu'à rêver pour Hamilton et Button que Webber et Vettel se neutralisent et qu'Alonso s'enfonce tout seul. Vu les prodiges réalisés par ces trois pilotes depuis le début de la saison, la route du titre pour McLaren s'annonce longue et pavée d'embûches.