Leader du Championnat à quatre courses de la fin, Mark Webber (Red Bull) se présente avant le Grand Prix du Japon de Formule 1, dimanche à Suzuka, comme l'ennemi public numéro 1 pour les autres postulants au titre.

L'Australien, cantonné durant sept saisons en fond de grille, faute de disposer d'une monoplace compétitive, s'est fait sa place au soleil. Ses huit podiums cette saison, un record, pour quatre victoires, en témoignent. Webber a changé de statut.

«Pour moi, ce n'est pas une surprise, observe Fernando Alonso, 3e du classement avec 191 points. En début d'année, tout le monde pariait sur Vettel. Et moi je disais: "Et Webber? Il faut tenir compte de lui." C'est un grand pilote. Et un mec bien.»

«L'an passé, jusqu'à quatre ou cinq courses de la fin (en fait six, NDLR), il était devant Vettel. Et cette année, en commettant moins d'erreur que nous tous, il a dominé la plupart du Championnat», remarque l'Espagnol.

«Si Webber est constant dans les dernières courses, il sera difficile à battre», analyse Jenson Button (McLaren), 5e du Championnat, à 25 longueurs de l'Australien, alors que Sebastian Vettel, le coéquipier de Webber, le voit «probablement dans la meilleure des positions».

L'espoir allemand, distancé de 21 points par son aîné, n'en dit guère plus tant l'ombre de son partenaire lui pèse. Button, au contraire, ne se prive pas de mettre la pression sur l'Australien. Tout est bon pour déstabiliser le soldat Webber.

«Il ne s'agit pas seulement de lui. Il y a cinq voitures compétitives, six avec Felipe» Massa, le second pilote Ferrari, énumère le champion en titre, soit les McLaren, les Red Bull et les Ferrari.

«Si tu fais une course correcte, mais pas géniale, tu peux terminer 6e au lieu de 1er. Cela fait 17 points de perdus sur le premier». Or Webber n'en dispose que de 11 d'avance sur Alonso.

Guerre des nerfs

Lewis Hamilton, détrôné par l'"Aussie" de la tête du général après trois abandons en quatre courses, partage cette analyse. «Si on regarde l'histoire de la discipline et vu comme cette saison est serrée, il n'est pas impossible de s'imposer», analyse le 3e du classement (182 points).

À Suzuka de départager les candidats au titre. Le tracé, rapide et tournant, avantage théoriquement les Red Bull, comme en atteste la victoire incontestable de Vettel au Japon l'an passé.

«Red Bull a la meilleure voiture. (...) Et les quatre dernières courses (GP du Japon, de Corée du Sud, du Brésil et d'Abou Dhabi) ont des caractéristiques qui leur conviennent le mieux», prétend Alonso, pourtant vainqueur des deux dernières épreuves, mais enclin à charger aux maximum les épaules de Webber.

Button n'est pas en reste : «Il y a beaucoup de pilotes talentueux en F1. Le mental peut faire la différence.»

Et le Britannique d'ajouter : «On dit que Fernando, Lewis et moi-même avons déjà gagné un championnat, donc nous ressentons moins de pression. Je ne sais pas si c'est vrai, mais je me sens effectivement moins stressé cette année. Alors que Mark ne s'est jamais retrouvé dans une position aussi stressante.»

L'intéressé, lui, se dit tranquille. «Ce n'est qu'un autre GP. Si le Championnat durait quinze courses, je serais champion. Malheureusement, ce n'est pas le cas», souligne-t-il, ou encore «(le GP du Japon) n'est pas la dernière course», voire «je ne pense pas au titre».

«Je ne suis pas le favori», affirme même l'Australien, soucieux de prouver qu'au-delà de son coup de volant, ses nerfs sont suffisamment solides pour le mener au sacre.