L'équipe Ferrari est de retour au sommet et c'est malheureusement en rappelant de mauvais souvenirs que Fernando Alonso et Felipe Massa ont signé un doublé, dimanche, au Grand Prix d'Allemagne.

Comme aux pires années de la domination de Michael Schumacher, quand son coéquipier Rubens Barichello devait céder le passage en toutes occasions, la direction de la Scuderia a demandé à Massa de laisser passer Alonso, prétendument «plus rapide», alors que les deux voitures avaient une bonne avance sur le troisième Sebastian Vettel.

Le Brésilien s'est exécuté de façon évidente et a facilement résisté par la suite au retour de la Red Bull. En empêchant ses pilotes de se battre pour la victoire, en favorisant de façon évidente Alonso (mieux placé pour la course au titre mondial), Ferrari a de toute évidence contrevenu à l'esprit, sinon la lettre, du règlement qui interdit les consignes d'équipe en course.

Convoqué par les commissaires après la course, le directeur de la Scuderia Stefano Domenicalli a évidemment nié toute ingérence de l'équipe, assurant que Massa avait pris seul la décision de laisser passer son coéquipier. Les commissaires ont toutefois imposé une amende de 100 000$ pour deux infractions au code sportif, référant également l'affaire au Conseil mondial de la FIA, devant lequel Ferrari devra s'expliquer.

Les rivaux de Ferrari ont évidemment sauté sur l'occasion. Christian Horner, le directeur de Red Bull, a estimé par exemple que la situation était aussi claire qu'en 2002, quand la FIA avait dû instaurer les règles contre les directives d'équipe. Il a pourtant lui-même souvent été accusé cette saison de favoriser Vettel aux dépens de Mark Webber, mais a su se montrer plus habile que l'ont été ses collègues de la Scuderia.

En conférence de presse, pendant qu'Alonso, mal à l'aise, évitait d'aborder la question, Massa n'a pas caché sa déception. «Nous avons travaillé pour l'équipe aujourd'hui», a-t-il admis. Quand on lui a demandé comment Alonso avait pu le passer, il a répondu : «Il est passé, c'est tout. Il n'y a rien à ajouter.»

Même s'il faut reconnaître qu'Alonso était effectivement marginalement plus rapide que son équipier, depuis le début du week-end, et qu'il méritait amplement la victoire, la façon dont il l'a acquise ternit sérieusement le retour en forme de son équipe.

Les retours de Villeneuve

Jacques Villeneuve est de retour en série Sprint, ce week-end à Indianapolis, pour la première fois depuis 2007. Qualifié de justesse au 43e et dernier rang, le pilote québécois disputait hier le Brickyard 400 et a terminé l'épreuve au 29e rang.

C'est toutefois d'un autre «retour» qu'on parle beaucoup depuis quelques jours. Villeneuve rêve de revenir en F1 et il ne s'en est jamais caché. Son projet de création d'équipe pour la saison prochaine ne suscite toutefois que beaucoup de scepticisme pour l'instant.

Le pilote québécois avait déjà été associé à la création de l'équipe BAR, en 1998, avec son gérant de l'époque Craig Pollock. Même s'il y a gagné une fortune, Villeneuve a gâché les meilleures années de sa carrière dans cette aventure.

Douze ans plus tard, la situation a évidemment bien changé et le Québécois n'est plus le «Golden Boy» tout auréolé de son titre de Champion du monde et de ses victoires à Indianapolis et en Champ Car. À court d'options, il doit maintenant s'associer à des partenaires sans crédibilité, comme cette équipe italienne Durango ou ces mystérieux commanditaires corporatifs dont il n'a pas voulu dévoiler l'identité.

Le retour de Jacques Villeneuve en F1 serait une excellente nouvelle pour le sport automobile au Québec, bien sûr. Mais si ce n'est que pour faire de la figuration en queue de peloton au volant d'une voiture peu fiable et sans espoir de progresser, ça ne vaudrait pas la peine.