L'équipe Renault a connu de grands succès en F1, deux titres mondiaux notamment en 2005 et 2006, mais aussi des épisodes moins glorieux.

Le scandale du «Crashgate», qui a mené au départ du patron Flavio Briatore et du directeur technique Pat Symonds, a porté un coup très dur à la crédibilité de l'équipe, tout en sapant le moral des troupes.

 

 

L'affaire a aussi amené le manufacturier français à revoir son engagement en F1. L'automne dernier, Renault a cédé une bonne partie de son équipe à des investisseurs privés qui ont embauché le Français Éric Boullier pour prendre la direction des opérations.

 

Cet ingénieur de 37 ans, directeur d'équipe en GP2 et dans la série A1 GP, est un néophyte de la F1, un atout pour mettre de l'ordre chez Renault.

 

«C'est évident qu'il a fallu «recadrer» l'équipe quand je suis arrivé, a expliqué Boullier, hier midi, dans le paddock de Renault. Plus de 95% de l'ancienne structure est restée en place, mais les troupes étaient démotivées. Il était donc très important de leur donner des objectifs clairs, à moyen terme, pour relancer la machine.»

 

Avec tout de même un appui technique soutenu de Renault -«la Régie est encore actionnaire de l'équipe et participe à toutes les décisions», a précisé Boullier-, l'équipe s'est tout de suite montrée compétitive, avec déjà deux podiums, en Australie et à Monaco.

 

Le talent de Kubica

 

«Nous avons la chance d'avoir un pilote de la qualité de Robert Kubica, un homme effacé, calme et très concentré sur son travail, qui permet à l'équipe de travailler de façon harmonieuse», a tenu a expliqué Boullier, pour qui le Polonais est un atout majeur.

 

«Ses performances depuis le début de la saison ont eu un effet d'entraînement formidable. Tout le monde travaille plus fort parce qu'il tire toujours le maximum de la voiture. Robert est vraiment doué et il a un potentiel remarquable.»

 

Le talent du pilote polonais lui a d'ailleurs mérité l'intérêt des autres équipes et Renault aura fort à faire pour conserver ses services à long terme. «Nous avons une option sur le contrat de Robert pour la prochaine saison, a noté Boullier. Mais nous ne retiendrons pas un pilote s'il souhaite partir dans une autre équipe. Ça ne servirait à rien.

 

«La façon de garder Robert avec nous, ce sera en lui donnant une voiture qui lui permettra de viser le Championnat du monde. Si nous lui proposons un plan solide qui nous assure une voiture égale aux meilleures dans une, deux ou trois saisons, il sera disposé à rester avec nous.»

 

Boullier estime d'ailleurs que Renault est en bonne voie pour atteindre cet objectif rapidement.

 

«Nous avons déjà accompli de grands progrès depuis le début de la saison et je crois que nos concurrents seront surpris par ce que nous préparons. Récemment, nous étions au niveau des Mercedes ou des Ferrari. Nous avons encore un écart avec les Red Bull, mais il est déjà moins important qu'il y a un ou deux mois.

 

«Nous n'avons aucun complexe par rapport aux équipes de pointe, a-t-il insisté. Notre structure est aussi solide que la leur, nos ressources sont suffisantes. Et Renault devrait nous soutenir aussi longtemps que notre programme sera performant.»

 

En quelques mois, Éric Boullier et l'équipe Renault ont donc accompli un travail remarquable pour effacer les difficiles dernières saisons. Reste toutefois à gravir les dernières marches vers le sommet et ce sont toujours les plus difficiles.