Présenté en Allemagne comme le successeur de Michael Schumacher, Sebastian Vettel croyait bien que cette saison 2010 serait la sienne. À seulement 22 ans, le jeune prodige aurait déjà pu être sacré la saison dernière, n'eût été d'une série de bris mécaniques qui ont ruiné ses chances.

Établi favori des pronostics d'avant-saison, Vettel a amorcé la campagne en lion avec trois positions de tête en quatre courses. Il n'a toutefois remporté qu'un seul de ses Grands Prix - encore les ennuis mécaniques - et s'est soudainement découvert un rival inattendu en la personne de son propre coéquipier, Mark Webber.

 

De course en course, à mesure que Webber accumulait les bonnes performances, Vettel a perdu la belle insouciance des gens de son âge. Le dimanche matin, à Monaco, il était encore arrivé au luxueux Red Bull Energy Station en t-shirt, bermudas, sac à dos et avec ses gros verres fumés à montures blanches. Quelques heures plus tard, en conférence de presse après une autre place d'honneur, l'Allemand a laissé paraître sa frustration pour la première fois. «La deuxième place n'est pas celle que je visais, a-t-il avoué, l'air très déçu. C'est impossible de dépasser sur ce circuit et je ne pouvais évidemment pas attaquer mon coéquipier dans de telles conditions.

 

«Mais les choses peuvent changer rapidement et je suis convaincu que ce sera différent la prochaine fois», a-t-il continué, en jetant un coup d'oeil malicieux vers Webber.

 

On connaît la suite. Encore confiné à la deuxième place derrière son coéquipier, Vettel a tenté un dépassement au 40e tour du Grand Prix de Turquie. Les deux voitures se sont accrochées, Vettel a dû abandonner et Webber a dû se contenter de la troisième place derrière Lewis Hamilton et Jenson Button, très heureux de l'aubaine.

 

Une chance ratée

 

Désormais à 15 points de son coéquipier, Vettel croit toujours en ses chances, même s'il se défend d'être favorisé au sein de son équipe. «Ces histoires de favoritisme n'ont aucun fondement, assure Vettel. Nous en avons encore parlé récemment et c'est très clair qu'il n'y a aucun traitement de faveur et qu'il n'y en aura pas jusqu'à la fin de la saison. Nous devons prouver que nous sommes le meilleur en piste, avec les mêmes moyens que l'autre pilote, et c'est bien comme ça.»

 

L'Allemand assure qu'il regrette l'accident du Grand Prix de Turquie, mais qu'il n'hésitera pas à attaquer Webber de nouveau si l'occasion se présente. «N'importe quel pilote qui se retrouve deuxième avec une voiture qu'il croit plus rapide que celle du premier et qui a une chance de passer va tenter d'en profiter. C'est ce que j'ai fait et, malheureusement, ça n'a pas fonctionné. J'ai perdu beaucoup de points, en Turquie, mais aussi ailleurs depuis le début du Championnat. Heureusement, le nouveau barème de points permet de combler rapidement des écarts importants.

 

«J'ai très hâte de revenir en piste au Canada et je suis convaincu que nous y serons encore très compétitifs. Jusqu'ici cette saison, nous avons été parfaits le samedi. Il faut maintenant transposer cette perfection le dimanche aussi...»