Bien peu d'observateurs auraient prédit au début de la saison que Mark Webber débarquerait au Canada en tête du Championnat du monde. C'est pourtant le cas et l'Australien entend bien jouer ses cartes jusqu'au bout.

À 33 ans, Mark Webber est de loin le plus âgé des candidats au titre mondial cette saison. Certes, il est plus jeune que Michael Schumacher (41 ans), mais il a 11 ans de plus que son coéquipier Sebastian Vettel, le plus jeune vainqueur d'un Grand Prix de l'histoire de la F1.

 

Longtemps mal aimé, le grand Australien a pris du galon et force maintenant les dirigeants de Red Bull à le traiter sur le même pied que son populaire coéquipier. La route a toutefois été longue pour y arriver.

 

Arrivé en F1 en 2002, Webber n'avait jamais été dans une grande équipe. Après Minardi (2002), il est passé chez Jaguar (2003-2004), puis chez Williams (2005-2006), qui n'était plus la grande équipe des années 1990.

 

Ses débuts chez Red Bull n'ont pas été flamboyants, mais les progrès rapides de l'équipe lui ont permis d'accéder graduellement aux avant-postes. «Je pilote bien depuis plusieurs années, assurait-il en entrevue à Monaco. Je roulais déjà très bien chez Williams, mais la voiture n'était pas au niveau des meilleures et peu de gens me remarquaient.

 

«J'ai sans doute progressé chez Red Bull, mais je suis le même pilote qu'à mes débuts, affirme-t-il. J'apprécie mon pilotage et je n'ai aucun complexe face aux autres pilotes, ce qui est une qualité, non? Maintenant, je ne vais pas dire que je suis le meilleur, précisait-il toutefois. Je ne vais pas davantage écouter les gens dire que je le suis... ou que je ne le suis pas! Il faut que je parle en piste, c'est tout ce qui compte.»

 

Une assurance tranquille

 

Vainqueur de deux Grands Prix en 2009, en Allemagne et au Brésil, ses premiers succès en F1, Webber a terminé le Championnat au quatrième rang. Il s'agissait de son meilleur résultat en carrière, mais il a été éclipsé par la deuxième place de Vettel.

 

Encore au début de la saison, c'est le jeune Allemand qui a profité de la bonne forme des Red Bull pour signer trois positions de tête dans les quatre premières courses. La chance s'est mise à tourner en Malaisie, quand Webber a obtenu la position de tête. Doublé au départ par son coéquipier, il a dû se contenter du deuxième rang. «Je n'ai pas obtenu le résultat que je méritais en Malaisie, concède-t-il. J'aurais dû remporter ce Grand Prix, mais j'ai raté mon départ et Seb (Vettel) en a profité.»

 

Après une course décevante en Chine, Webber s'est littéralement envolé. Trois positions de tête, deux victoires et une troisième perdue par la faute de son coéquipier l'ont propulsé dans la peau d'un favori. «Cela ne m'importe pas vraiment, assurait l'Australien à Monaco, où il venait de prendre la tête du Championnat pour la première fois de sa carrière. Si dans deux mois je ne marque plus de points, on ne parlera plus de moi. Cela change avec le sens du vent.

 

«Une semaine c'est comme cela, une autre c'est différent. Je me concentre sur des choses simples: conduire la voiture, communiquer mes impressions avec les techniciens de l'équipe, faire mon travail avec Red Bull et mes commanditaires», a-t-il expliqué.

 

Amateur de rock, capable de fêter comme tous les Australiens - on l'a vu plonger dans la piscine de la suite hospitalité de Red Bull après sa victoire à Monaco -, Webber est visiblement à l'aise dans une équipe aussi flamboyante que Red Bull.

 

 

Des chances égales?

 

Plusieurs estiment toutefois que son coéquipier bénéficie d'un traitement de faveur. «Je ne le pense pas, répond Webber, qui vient tout juste de prolonger son contrat pour une autre saison chez Red Bull. J'ai toujours été traité également: mêmes voitures, mêmes améliorations, mêmes accès aux informations. Je m'entends bien avec Sebastian, même s'il est l'un de mes plus sérieux adversaires en piste. Je crois que nous travaillons bien ensemble et que nous aidons l'équipe à progresser.»

 

La rivalité entre les deux hommes est évidemment plus vive cette saison - on l'a vu en Turquie-, mais Webber n'y voit pas d'inconvénient. «Nous sommes des professionnels et nous savons jusqu'où nous pouvons aller. Ce qui est arrivé est arrivé et on ne peut plus rien y changer. C'est la course. Seb et moi ferons en sorte que ça ne se reproduise plus et nous continuerons à travailler ensemble ouvertement», a assuré l'Australien le week-end dernier, après une rencontre organisée à l'usine de Red Bull.

 

«Nous devons maintenant regarder vers l'avant. Nous sommes bien placés au Championnat, mais nous pourrions être encore bien mieux placés, a rappelé Webber. Il faut vite retrouver notre concentration afin de garder notre avantage. Les autres équipes ne chôment pas, tout le monde veut nous rattraper.

 

«Le Championnat est encore long et les dernières courses nous montrent que bien des choses peuvent arriver en F1.»

Photo AFP

Malgré l'accrochage entre lui et Sebastian Vettel en Turquie, Mark Webber assure que les deux coéquipiers vont continuer à travailler ensemble ouvertement.