C'est l'histoire d'un pilote en quête de reconnaissance.

Champion du monde en 2009, Jenson Button s'est fait offrir une... diminution de salaire, en fin de saison, pour continuer avec l'équipe Mercedes (ex-Brawn), pour laquelle il venait pourtant d'enlever le titre. Le pilote anglais a vite pris sa décision quand il a reçu une offre de McLaren.

 

«C'est l'une des meilleures équipes de F1 depuis très longtemps et il règne ici une culture de la victoire que je n'avais jamais connue, a expliqué Button, en entrevue à Monaco à la fin de mai. J'ai déjà fait parti d'autres équipes, certaines très bonnes, qui commençaient très bien la saison, ou la terminaient en force. Mais je n'ai jamais vu un tel rythme de travail et de développement que chez McLaren.

 

«Je n'ai jamais fait partie d'une équipe aussi motivée, a soutenu Button. En janvier, quand j'ai visité l'usine, j'ai été impressionné par les efforts que tout le monde faisaient en vue de la présentation de la voiture. Et ce n'était qu'un début, tout le monde a travaillé encore plus pendant les essais et maintenant, alors que les Grands Prix se succèdent à un rythme infernal, l'équipe réussit à introduire de nouvelles pièces et des améliorations à chaque course.

 

«C'est évidemment très motivant, a poursuivi le champion en titre. Je me suis vite senti à l'aise et apprécié. Je ressens vraiment une responsabilité de donner toujours le maximum parce que je sais que tous les membres de l'équipe le font.»

 

L'intelligence de la course

 

Jusqu'ici cette saison, Button n'a rien à se reprocher, bien au contraire. Loin d'être dominé par Hamilton (comme plusieurs le prédisaient), il a brillamment remporté deux courses dans des conditions rendues difficiles par la pluie. Son intelligence de la course l'a merveilleusement servi, en Australie notamment, quand il a changé ses pneus avant tout le monde pour prendre un avantage décisif.

 

Un peu en retrait en qualifications - «c'est sûrement le point sur lequel je devrai le plus travailler, personnellement, pour être plus compétitif» -, Button gère habituellement ses courses à la perfection. Son style de conduite très coulé, par exemple, lui permet de mieux gérer l'usure de ses pneus et de disposer souvent d'une voiture plus efficace en fin de course.

 

On l'a bien vu en Turquie, après le cafouillage des Red Bull, quand il s'est retrouvé à la lutte avec Hamilton pour la victoire. Invité à ralentir par son équipe, il s'est quand même permis une petite passe d'armes avec son coéquipier, question de montrer qu'il n'était vraiment pas un docile second.

 

 

«J'ai obtenu l'assurance que nous serions traités également, Lewis et moi, et c'est exactement ce qui se passe depuis le début de la saison, a expliqué Button. Nous avons aussi assez d'expérience en F1 - nous avons chacun déjà remporté le Championnat - pour savoir que la saison est longue et qu'il faut éviter les erreurs. Chaque point est important et il ne faut pas les gâcher dans des manoeuvres stupides...»

 

Sebastian Vettel et Mark Webber, les grands rivaux des pilotes McLaren, ont donné une belle démonstration de telles «stupidités», en Turquie, en gâchant un doublé dans la collision de leurs Red Bull, dominatrices jusque là.

 

«Les Red Bull ont eu un avantage de performances jusqu'ici cette saison, mais nous nous rapprochons à chaque course, estime Button. La pression est sur eux.»

 

Deuxième du Championnat, à seulement cinq points de Webber, Button n'est aussi que quatre points devant Hamilton.

 

Ce sera sans doute chaud toute la saison entre ces deux-là.

Photo Reuters

Avantagé par son style de pilotage coulant et son intelligence de course, Jenson Button est actuellement deuxième au classement du championnat.