Le Britannique Lewis Hamilton (McLaren) a remporté dimanche le Grand Prix de Turquie de Formule 1, septième épreuve de la saison, devant son coéquipier et compatriote Jenson Button et l'Australien Mark Webber (Red Bull).

Hamilton, vainqueur pour la première fois cette saison, concrétise avec ce succès le retour au premier plan de McLaren qui, à force de développements, a su ramener sa monoplace au niveau des Red Bull, jusqu'alors inatteignables.Button, 2e après un joli mano-a-mano à cinq tours du drapeau à damiers avec son équipier, sur qui il avait pris le meilleur avant de se faire repasser, permet à l'écurie britannique de compléter son triomphe turc.

La grosse erreur de Vettel 

C'est vraiment une grosse erreur qu'a commise Sebastian Vettel, ce matin, au 41e tour du Grand Prix de Turquie. En ratant un dépassement très risqué de son coéquipier Mark Webber, alors en tête de la course, le jeune pilote allemand a privé son équipe d'un doublé potentiel qui lui aurait permis de prendre le large au Championnat du monde des constructeurs.

Contraint à l'abandon pendant que Webber devait se contenter de la troisième place, Vettel parait mal dans les reprises télé, même si la responsabilité d'un accrochage du genre est toujours difficile à établir. C'est vrai qu'il était à l'intérieur et un peu devant son coéquipier, mais il n'avait plus le contrôle de sa voiture et aurait sûrement raté le virage suivant. Webber ne lui a pas laissé beaucoup de place, mais il était en tête et n'avait pas à lui ouvrir la porte.

Cet incident, qui aura de lourdes conséquences sur la suite du championnat, à commencer par le Grand Prix du Canada dans deux semaines, était prévisible. On sentait en effet l'Allemand de plus en plus frustré par la récente domination de son coéquipier. Alors que Webber accumulait poles positions et victoires, lui additionnait les petites fautes et les malchances, comme la saison dernière quand il a gâché ses chances d'enlever le titre mondial.

Protégé de Dietrich Mateschitz et de Christian Horner, les patrons de Red Bull, il croyait son statut de numéro 1 assuré dans l'équipe et n'en pouvait plus de jouer les seconds rôles. À Monaco déjà, il ne s'était pas gêné pour lancer des avertissements à peine déguisés à l'endroit de Webber, après le doublé des Red Bull: «Les choses pourraient bien se passer différemment la prochaine fois...», avait-il lancé à la fin de la conférence de presse, un petit sourire aux lèvres.

Vettel avait été plus explicite devant les journalistes allemands, estimant qu'il était plus rapide que son coéquipier et ne qu'il ne devait ses déboires qu'aux lacunes de son châssis par rapport à celui de Webber.

Une nouvelle voiture n'a pourtant rien changé aux résultats pendant les qualifications en Turquie et l'Allemand risquait bel et bien de céder un ascendant décisif advenant une autre victoire de Webber. L'Australien aurait acquis une formidable confiance et serait devenu encore plus redoutable.

En agissant comme il l'a fait, Vettel a sûrement infligé un sacré coup au moral de Webber, mais il a aussi montré que sa propre confiance n'était guère élevée. Si, comme il le sentait, sa voiture était plus rapide que celle de son coéquipier, il aurait fallu qu'il le montre en roulant sous l'aileron de ce dernier.

Une tentative de dépassement aurait alors eu de meilleures chances de réussir que son attaque surprise et inconsidérée du 41e tour.

Paradoxalement, Hamilton et Button ont donné quelques tours plus tard une belle démonstration de ce que peut-être une lutte «correcte» entre deux pilotes d'une même équipe.

Button a réussi à passer le nouveau meneur dans une manoeuvre serrée, mais très loyale au bout de la même ligne droite où Vettel s'est planté. Hamilton a repris la tête quelques instants plus tard dans un dépassement encore «chaud», mais sans risque puisque les deux pilotes s'étaient encore laissé l'espace nécessaire.

Cela dit, rien ne garantit que l'ambiance restera aussi cordiale chez McLaren et qui sait si Hamilton et Button ne seront pas les prochains à nous offrir une belle controverse en piste.

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