Mark Webber, vainqueur à Barcelone de sa troisième course en neuf saisons de Formule 1, ne réussit toujours pas à s'affranchir de son statut d'homme de l'ombre, quand son coéquipier Sebastian Vettel accapare les projecteurs, comme mercredi à Monaco.

La différence de traitement était marquante aux conférences de presse organisées mercredi par Red Bull: une trentaine de journalistes présents pour l'Allemand, trois fois moins pour l'Australien, pourtant vainqueur du dernier Grand Prix d'Espagne.

«C'est naturel. Sebastian est un jeune talent en F1. Mais je fais mon boulot. Jusque-là, ça ne se passe pas si mal», commente tranquillement Webber.

Et de poursuivre: «Cela n'importe pas. Si dans deux mois je marque plus de points, je serai à nouveau le produit du mois. Cela change avec le sens du vent. Une semaine c'est comme cela, une autre c'est différent. Je me concentre sur des choses simples, conduire la voiture, faire mon travail».

Un travail qu'il fait fort bien. En 2009, Webber a glané sa première victoire en F1 en Allemagne, sur les terres de son partenaire. Puis il a récidivé au Brésil. Un succès «éclipsé par le titre» mondial remporté par Jenson Button à Sao Paolo, constate-t-il avec justesse.

Au final, Webber a terminé quatrième du Championnat, le meilleur rang de sa carrière, deux places derrière Vettel, après un milieu de saison où il s'est montré un peu moins performant.

L'Australien semblait repartir cette saison sur des bases plus tranquilles. Huitième du général avant le Grand Prix d'Espagne, il reconnaît avoir eu «des résultats moyens lors des quatre premières courses». «Nous avons fait de notre mieux, mais nous n'avons pas obtenu assez», de résultats.

Coup pour coup

Et ce malgré une deuxième place en Malaisie le 4 avril. «Mais je n'ai pas ramené autant (de points) que je devais (de Sepang). J'aurais dû remporter ce Grand Prix», affirme-t-il. Alors qu'il était parti en pole position, un mauvais départ l'avait privé du succès, confisqué par... Vettel.

Les deux hommes, au volant d'une Red Bull de loin plus rapide que le reste du plateau, se rendent coup pour coup. Deux poles pour l'Australien, trois pour l'Allemand. Une victoire chacun. Et 7 petits points de différence au classement (53 contre 60) en faveur de Vettel.

«Je suis heureux avec Mark dans cette équipe. On se pousse l'un l'autre. Aucun d'entre nous ne peut s'endormir. Nous essayons toujours de gagner. (...) Quand il s'agit de courir, nous savons tous les deux ce que nous voulons», constate l'Allemand.

Souvent dans le même dixième de seconde que Vettel, peu loquace à son sujet, Webber ne réussit pourtant pas à se faire sa place au soleil. Peut-être parce qu'il a éclos trop tard; il a maintenant 33 ans. Sûrement parce qu'il est passé par de petites écuries: Minardi (2002), Jaguar (2003-2004) puis Williams (2005-2006), chez Red Bull ensuite.

«Je pilote bien depuis plusieurs années. Je roulais bien chez Williams. Je roule bien depuis que je suis chez Red Bull. (...) J'apprécie mon pilotage, ce qui est bon. Nous verrons où cela nous mènera», explique-t-il.

«Maintenant, je ne vais pas dire que je suis le meilleur», ni «écouter les gens dire que je suis ci ou ça. Il faut que je parle en piste», lance Webber.

Le prochain discours de l'Australien sera prononcé dimanche au Grand Prix de Monaco, où il se verrait bien succéder à Jenson Button, vainqueur en 2009... puis champion du monde quelques mois plus tard.