Jenson Button (McLaren), tirant un profit maximal de sa tactique de course risquée, a remporté dimanche un Grand Prix d'Australie extrêmement mouvementé, où dépassements et coups du sort se sont multipliés.

Le résultat défie tous les pronostics. Car McLaren, depuis le début de la saison, est de l'avis général, ses pilotes inclus, moins rapide que Red Bull et Ferrari. Button, 4e des qualifications, pensait au mieux se battre pour le podium. Il a au final décroché la timbale.

 

La faite à un scénario de course exceptionnel. À commencer par la pluie, qui a commencé à tomber quinze minutes avant le départ, puis par intermittence pendant la course. Une pluie qui n'a pas forcément réussi à Button, impliqué dans un accident dès le premier virage.

 

Souhaitant faire l'intérieur à Fernando Alonso (Ferrari), le Britannique l'a en fait poussé... sur Michael Schumacher, cassant le museau de la Mercedes. L'Espagnol s'est retrouvé dernier, avant que Schumi, obligé de rentrer aux stands pour changer l'avant de sa monoplace, ne lui prenne cette position.

 

Button, lui, perdait deux places dans l'affaire. Son GP semblait bien mal engagé. D'autant qu'il choisissait de chausser très précocement ses pneus secs, ce qui lui valait une petite excursion dans l'herbe humide australienne.

 

«Je me suis dit que j'avais pris une décision catastrophique», a raconté le champion en titre. «Ensuite, quand je suis reparti, mon rythme était bon. J'ai dépassé trois ou quatre voitures quand elles se sont arrêtées à leur tour. C'était le bon choix. Je suis très heureux de l'avoir fait».

 

«Tout bien fait»

On le serait à moins. Bombardé deuxième dès le 11e tour grâce à son sens tactique, Button semblait appelé à terminer la course à ce rang, derrière l'Allemand Sebastian Vettel, auteur de la pole position et leader souverain du début de l'épreuve.

 

Mais quinze boucles plus tard, le pilote Red Bull, victime d'un incident mécanique, partait à la faute. Button prenait la tête de la course et ne la lâchait plus.

 

«Ce GP est un peu étrange. En rythme pur, je ne sais pas où nous serions. Mais une course, ce n'est pas seulement du rythme pur. C'est aussi de la réflexion, de l'attente. Nous avons tout bien fait aujourd'hui. Et nous repartons avec une bonne victoire», a estimé le Britannique.

 

Un an après son premier succès australien pour Brawn GP, qui l'emmena vers le sacre, Jenson Button réédite l'exploit avec sa nouvelle écurie, McLaren, qu'il a rejointe à l'intersaison.

«Cela veut dire beaucoup pour moi, d'être dans cette position après deux courses seulement, alors que je suis resté sept ans dans mon ancienne équipe», a-t-il observé.

 

«Obtenir de bons résultats alors qu'on sait qu'on n'a pas la meilleure voiture a particulièrement de la valeur. Ce sont des points très importants pour nous», a poursuivi Button.

 

Robert Kubica, son dauphin à Melbourne, est dans le même état d'esprit. Sa deuxième place au volant d'une Renault, encore en déficit de performance, relève de l'exploit.

 

«Nous ne sommes pas encore pas au niveau des voitures les plus rapides. Mais aujourd'hui a montré qu'en n'abandonnant pas et en travaillant beaucoup, parfois on est payé en retour», s'est satisfait le Polonais.

 

Felipe Massa, auteur d'un départ canon et d'une course sage, complète le podium. Il précède son coéquipier chez Ferrari, Fernando Alonso, finalement 4e après une remontée homérique. Nico Rosberg (Mercedes) est 5e, devant Lewis Hamilton (McLaren), grand animateur d'une course spectaculaire.