Mark Webber, qui avait signé deux victoires en 2009, a l'opportunité unique de devenir le premier australien à remporter le Grand Prix d'Australie en s'imposant dans son jardin au volant sa très rapide Red Bull, dimanche à Melbourne.

Longtemps cantonné au fond de grille, Webber a pendant la majeure partie de sa carrière été considéré comme un sans-grade: à peine un podium (Monaco 2005) pour ses cinq premières saisons, passées dans de petites écuries - Minardi (2002), Jaguar (2003-2004) puis Williams (2005-2006).

L'Australien, âgé de 33 ans, n'a éclos que tardivement. Parti chez Red Bull en 2007, il a suivi l'ascension de la structure britannique. Un podium au Grand Prix d'Allemagne 2007, puis... huit autres la saison dernière, dont deux victoires, au Nürburgring et à Sao Paulo.

Quatrième du classement général en 2009, l'Australien a gagné ses galons de pilote de pointe et le respect de ses adversaires. Respect qui s'est mué en crainte pour le Championnat 2010. Car Webber et son coéquipier Sebastian Vettel pilotent à présent la meilleure voiture du plateau.

La Red Bull était intouchable à Bahreïn, comme l'a reconnu Felipe Massa (Ferrari), deuxième de la course d'ouverture le 14 mars. Seule une bougie récalcitrante a privé Vettel, longtemps leader mais finalement quatrième, d'un succès mérité. Webber, 8e, a vu ses chances noyées par de mauvaises qualifications.

«Je n'ai pas été bon en Q3 (la troisième partie des qualifications, décisive) et j'en ai payé le prix», a commenté l'Australien. «Mais en course, la voiture m'a semblé fantastique», a-t-il poursuivi, se disant «très enthousiasme par les perspectives» que sa monoplace lui offre pour «le reste de la saison».

«À son sommet»

À commencer par le Grand Prix d'Australie, dimanche sur le circuit urbain d'Albert Park, à Melbourne. «Il sera compétitif devant les siens. Moi, j'espère qu'il ne le sera pas. Mais il sera rapide», a pronostiqué Jenson Button (McLaren), vainqueur de l'édition 2009 sur Brawn GP.

«Sa voiture était phénoménalement rapide lors de la dernière course et l'an passé Red Bull a effectué un travail incroyable. Ils ont connu quelques années difficiles en tant qu'équipe. Mais ils ont deux pilotes extrêmement talentueux. Mark est à son sommet», a remarqué Lewis Hamilton, sur l'autre McLaren.

L'intéressé se prend à rêver de succès. «Ce serait une très belle sensation. Je ne pense pas qu'un seul pilote ne souhaite pas gagner son GP maison», a commenté Webber, se souvenant, envieux, d'avoir vu son compatriote Michael Doohan «remporter la course moto à Philip Island», près de Melbourne.

«Je viens ici depuis longtemps. La voiture est à un très bon niveau. Nous avons l'opportunité de frapper un grand coup. Mais il faut pour cela que tout se passe parfaitement», a-t-il observé.

Webber réaliserait alors un exploit que les deux légendes australiennes de la F1, Jack Brabham et Alan Jones n'ont pu réussir. Le GP d'Australie n'avait pas encore vu le jour quand Brabham, triple champion du monde (1959, 1960 et 1966), mit un terme à sa carrière. Et Jones, sacré en 1980, n'était pas entré dans les points lors de sa seule course sur le sol national en 1986.

«Il n'est pas aussi facile (pour un Australien) que pour des pilotes venant d'autres pays, d'essayer de se battre en Formule 1», a souligné Webber. Un supplément de motivation pour le «Flying Aussie» (l'Australien volant), s'il en avait besoin.