Double champion du monde en 2005 et 2006, chaque fois chez Renault avec Flavio Briatore, Fernando Alonso a connu bien des ennuis par la suite.

Personne n'a oublié sa saison malheureuse chez McLaren, en 2007, quand il n'a jamais réussi à s'intégrer à une formation qui lui préférait le jeune Britannique Lewis Hamilton. On oublie pourtant vite qu'il n'a cédé le titre mondial que de justesse dans le dernier Grand Prix de la saison.

>>> Relisez le clavardage avec notre journaliste Michel Marois  

Impliqué malgré lui dans une affaire de tricherie qui allait coûter très cher à McLaren, Alonso retournait chez Renault les deux années suivantes et se retrouvait à nouveau au coeur d'un scandale. Vainqueur du Grand Prix de Singapour 2009 en profitant de l'accident volontaire de son coéquipier Nelson Piquet, Alonso était montré du doigt, même si c'étaient Briatore et l'ingénieur Pat Symonds qui écopaient au bout du compte.

 

Meurtri, atteint dans son orgueil, le fier Espagnol acceptait enfin les offres de Ferrari, qui lui faisait les yeux doux depuis plusieurs saisons. Échaudé par l'épisode McLaren, aguerri par les échecs, Alonso a préparé cette première saison dans la Scuderia comme il ne l'avait jamais fait auparavant.

 

Alors qu'on le dit réservé et jaloux de son intimité, il a multiplié les visites à Maranello, participé à toutes les promotions de l'équipe et, évidemment, à chacune des séances d'essais hivernaux. En parfaite forme physique, il a tout de suite été dans le coup et ne s'est jamais laissé damer le pion par Massa, au contraire de Schumacher ou de Button qui ont été dominés par leurs coéquipiers respectifs.

 

Devancé de justesse par Massa en qualifications, Alonso a réglé l'affaire dans le premier virage, hier à Sahkir, et n'a plus jamais laissé la moindre ouverture à son coéquipier. Mieux, il est toujours resté en contact avec Sebastian Vettel et n'a même pas eu à se battre quand l'Allemand a été ralenti par un problème d'échappement.

 

Difficile d'imaginer un meilleur scénario pour ses débuts chez Ferrari, d'autant plus qu'Alonso a sans doute une bonne marge sous le pied. N'a-t-il pas signé le record du tour en fin de course, alors qu'il n'avait aucune pression et roulait à sa main?

 

Sans doute un message qu'il envoyait à ses rivaux dans la course au titre.

 

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Parmi les autres leçons de ce premier Grand Prix, on retiendra surtout que Vettel et Hamilton ont pris un ascendant très net sur leurs coéquipiers respectifs. On s'en doutait dans le cas du premier, l'Allemand est un des favoris pour le titre mondial et Mark Webber n'est pas vraiment un pilote de son calibre.

 

Mais que Jenson Button ait été dominé à ce point par Hamilton laisse prévoir une saison difficile pour le Champion du monde en titre. Sa course a été d'un ennui mortel et il n'a jamais menacé ses prédécesseurs, Michael Schumacher notamment, alors que son équipe lui indiquait qu'il avait les moyens pour le faire. C'est vrai qu'Hamilton a été l'un des rares pilotes à vraiment se battre hier et que Button découvre encore son équipe.

 

Le Britannique a toutefois intérêt à progresser rapidement s'il ne veut pas être relégué sans appel aux seconds rôles.

 

Le duel Rosberg-Schumacher n'a pas vraiment eu lieu, le Kaiser Schumi comprenant vite qu'il n'y avait aucun intérêt à partir en guerre si c'était pour terminer 5e et 6e à l'arrivée. La direction de Mercedes avait prédit un début de saison difficile et ce n'est sans doute qu'à partir du Grand Prix d'Espagne, en mai, qu'on verra le vrai Schumacher. En attendant, faisons-lui confiance pour grappiller les points qui l'aideront plus tard cette saison quand ça comptera vraiment.