Renault, doté d'un nouvel actionnaire, de nouveaux pilotes, d'une nouvelle voiture aux nouvelles couleurs, veut tourner la page après une saison 2009 de Formule 1 sportivement ratée, où son image a été ternie.

Les jours de l'une des plus anciennes écuries de F1 avaient un temps paru comptés après le scandale du «Crashgate» - l'accident volontaire de Nelson Piquet Jr. au Grand Prix de Singapour 2008 - qui avait vu Renault, en manque de liquidités, lâché par ses partenaires.

 

La marque au Losange avait bien juré son attachement à la discipline-reine du sport automobile. Mais la cession d'une part importante, et peut-être majoritaire, du capital de son écurie à la société luxembourgeoise Genii Capital semblait de mauvais augure.

 

Dimanche à Valence, en Espagne, la présentation sous un joli soleil hivernal de la monoplace 2010, baptisée R30, a été au contraire l'occasion d'une démonstration de force et d'optimisme. Le patron de Genii capital, Gérard Lopez, a tenu à rassurer le monde de la F1. «Avec 480 salariés, Renault reste la deuxième plus grosse équipe du plateau par sa taille. Si Renault voulait juste survivre en F1, il y aurait des manières plus économiques de le faire», a commencé par affirmer M. Lopez, peu disert sur les modalités de rachat de l'écurie.

 

«Je ne sais pas dire si c'était une bonne affaire. Je le saurai le jour où on aura atteint le niveau de retour attendu. (...) On le saura d'ici deux ans», a-t-il expliqué, écartant toute idée de spéculation. «Il y a d'autres domaines où on pourrait spéculer nettement plus et gagner nettement plus d'argent».

 

Renault F1 vraisemblablement tiré d'affaire au niveau financier, le volet sportif a pu être abordé. Les deux nouveaux pilotes, le talentueux Polonais Robert Kubica et le débutant Russe Vitaly Petrov, ont levé le drap recouvrant la R30. Une monoplace plus longue et bien plus réussie esthétiquement que sa devancière a alors fait son apparition, peinte de jaune et de noir, les teintes historiques de Renault. «Tout s'imbrique. Avec ces couleurs, le message est clair. Renault ne part pas», a observé le nouveau directeur de l'écurie, Eric Boullier.

 

Et de poursuivre: «Le plan est ambitieux. On va développer la voiture agressivement cette saison pour voir où en sont nos capacités. Finir à la 4e place du classement général constructeurs serait idéal, mais pas à 25 points du 3e. Et on va préparer 2011, pour se battre pour le podium final et même plus.»

 

Petrov, un choix risqué

 

La doublette de pilotes pour parvenir à ces fins peut surprendre. Si Kubica, remplaçant du double champion du monde Fernando Alonso, parti à l'intersaison chez Ferrari, paraît indiscutable, son coéquipier Petrov l'est bien moins. Deuxième de la série GP2 l'an passé après le départ de son coéquipier Romain Grosjean, qui le devançait à mi-saison au moment de son transfert chez Renault F1, le grand Russe ne semble pas donner d'exceptionnels gages de rapidité. «Vitaly est un choix peut-être risqué. Mais on doit aussi penser à la pérennité de l'entreprise dans le futur», a analysé Eric Boullier.

 

Premier Russe à exercer dans la discipline, Petrov, venu avec ses sponsors, selon Gérard Lopez, pourrait simplifier la vie de Renault et Genii Capital s'il «gagne des courses ou est capable de défier Robert» Kubica, et s'il séduit un public russe encore réfractaire à la F1, a justifié M. Boullier.

 

Remettre une partie de son destin dans les mains d'un néophyte... le futur de Renault F1 n'est peut-être pas aussi limpide cela...