L'écurie Renault, soupçonnée d'avoir volontairement provoqué un accident en 2008 pour favoriser la victoire de son pilote Fernando Alonso, comparaîtra le 21 septembre devant le Conseil mondial du sport automobile, qui pourrait lui infliger de lourdes sanctions.

«Les représentants de l'équipe sont convoqués pour répondre de l'accusation selon laquelle l'équipe aurait conspiré avec son pilote Nelson Piquet Jr pour causer délibérément un accident au Grand Prix de Singapour de 2008 dans le but de provoquer l'intervention de la voiture de sécurité, favorisant ainsi son autre pilote, Fernando Alonso», a indiqué la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

L'écurie française est citée à comparaître en vertu de l'article 151c du règlement de la FIÀ relatif à «tout procédé frauduleux ou manoeuvre déloyale de nature à nuire à la sincérité des compétitions ou aux intérêts du sport automobile».

L'affaire a été révélée le 31 août par la télévision brésilienne Rede Globo, moins d'un mois après le renvoi, le 3 août, de Nelson Piquet Jr par l'écurie Renault.

L'inquiétude d'Ecclestone

Lors du Grand Prix de Singapour, le 28 septembre 2008, Fernando Alonso, parti en 15e position, avait ravitaillé le premier, très tôt dans la course, juste avant que son coéquipier brésilien Nelsinho Piquet Jr. ne heurte un mur au volant de sa Renault.

Cet accident avait provoqué l'entrée sur la piste de la voiture de sécurité. La plupart des autres pilotes étaient rentrés aux stands pendant que la course était neutralisée. Alors qu'il naviguait à petite allure derrière la voiture de sécurité, l'Espagnol avait vu ses principaux concurrents s'écarter un par un pour ravitailler. Cela lui avait permis de remonter tout le peloton, pour finalement se retrouver en tête et remporter son premier Grand Prix de la saison sous les couleurs de Renault.

La FIA soupçonne Renault d'avoir contraint Piquet à heurter le mur pour provoquer l'entrée en piste de la voiture de sécurité.

Selon le journal L'Équipe du 1er septembre, une vive altercation avait opposé Flavio Briatore, directeur général de Renault F1, à Nelson Piquet Jr, dans le paddock, environ 45 minutes avant le départ du Grand Prix.

La comparution de Renault fait suite à une enquête diligentée par la FIA et menée par un organisme indépendant. Elle survient alors que la Formule 1 traverse une grave crise en raison du désengagement de plusieurs grands constructeurs: Honda s'est retiré en fin de saison dernière alors que BMW sera absent en 2010.

«Nous n'avons pas besoin de ça en ce moment», a déclaré le 1er septembre Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1.

«Il y a un danger qu'ils (Renault) quittent la compétition, de toute évidence. J'espère que cela ne sera pas le cas, mais c'est le genre de chose qui peut arriver», avait-il estimé.

«Renault F1 prend note de la convocation», a indiqué l'écurie vendredi soir, précisant qu'elle ne ferait «aucun commentaire avant de participer à cette audition».