Champion du monde idolâtré en 2008, redescendu de son piédestal en piètre menteur non assumé, pilotant en outre une McLaren-Mercedes complètement dépassée cette saison, Lewis Hamilton, vainqueur dimanche du Grand Prix de Formule 1 de Hongrie, revient de loin.

La joie du Britannique, rayonnant après la course, n'était pas feinte. «C'est une sentiment incroyable d'être de retour après ce qui a semblé être une si longue période et une telle lutte pour mon équipe et moi-même», a-t-il dans un premier temps commenté.

Hamilton, plus que n'importe quel autre pilote du plateau, a vécu avant Budapest une première partie de saison compliquée. L'icône sportive britannique, à la communication léchée, a dû faire face durant les premiers GP à une polémique destructrice pour son image.

A Melbourne, pendant que la course était neutralisée, il avait dépassé sur les ordres de son directeur sportif l'Italien Jarno Trulli (Toyota), sorti de piste alors qu'il le précédait. Il avait pourtant présenté une version diamétralement opposée des faits aux commissaires sportifs australiens.

Confondu par l'enregistrement des conversations radios avec son écurie, ce chouchou des médias britanniques s'était fendu, contraint, d'un mea culpa pathétique. Son «Je ne suis pas un menteur» avait suscité, au mieux les moqueries, au pire l'indignation de ses nombreux fans.

Le volet sportif n'a guère été plus reluisant. Objet de toutes les attentes après son sacre, il a dû composer avec une monoplace sous-performante dès le début de saison. Entre sa quatrième place à Bahreïn, son meilleur résultat jusqu'alors, et son succès dimanche, il a réalisé cinq courses anonymes, d'où il n'a ramené aucun point.

Humiliation à Silverstone

Hamilton a touché le fond à Silverstone, devant son public, il y a deux courses quand il a livré, et perdu, une lutte épique face à Fernando Alonso (Renault) pour la seizième place. L'humiliation ne pouvait pas être plus grande pour ce pilote de 23 ans, dont les pairs raillent l'arrogance.

Une éclaircie est survenue au Grand Prix suivant, en Allemagne. Au volant d'une voiture enfin rapide, Hamilton a même pointé en tête au premier virage. Mais l'aileron avant du futur vainqueur Mark Webber (Red Bull) a éperonné son pneu arrière droite, mettant fin à sa première belle course virtuelle.

La Hongrie, où il s'est montré très performant dès les essais libres, lui a permis de se tester à nouveau aux avant-postes. Et le test a été concluant. «Nous ne nous attendions pas à gagner ici ce week-end. Nous nous sommes assurément rapprochés de la concurrence mais nous ne pensions pas que nous avions un rythme suffisant pour gagner», a-t-il remarqué.

«Clairement, nous avons une bonne voiture. Nous avons fait de grandes améliorations, et maintenant, elle est bien mieux équilibrée. Mais nous ne luttons pas pour autant pour le Championnat», a relativisé le Britannique.

Grâce à sa victoire dimanche, Hamilton a toutefois plus que doublé ses points (19). Mais ne pointe encore qu'au huitième rang du classement pilotes, à 51 unités du leader, son compatriote Jenson Button.

Heureux d'avoir passé «un week-end fantastique», le champion en titre s'est simplement déclaré «très fier d'être de retour». Les ténors du Championnat ne sont pas encore menacés. Mais Button, Webber et consorts savent que le Britannique, redevenu fringuant, va leur rendre la vie dure.