Le premier vit le top de sa carrière et le second gît au fond du trou, quand leurs positions étaient contraires l'an passé: les Britanniques Jenson Button (Brawn GP) et Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) connaissent des trajectoires inversées en Formule 1.

Grand espoir de la Formule 1 à 20 ans mais vainqueur de son premier Grand Prix seulement six ans plus tard, Button, 29 ans, après une saison très contrastée et deux dernières années faméliques, indignes de son rang, incarne les bienfaits de la longévité.

En 2008, au volant d'une Honda F1 poussive, il avait déçu les plus fidèles de ses supporteurs. Arrivé à Silverstone en 16e position du classement pilote avec 3 petits points, il était sorti de piste pendant la course, que son coéquipier Rubens Barrichello avait terminée 3e, au terme d'une remontée épique.

Pire, la belle gueule du sport automobile d'outre-Manche, célèbre pour ses conquêtes féminines, s'était vu supplanter dans le coeur des Britanniques par son compatriote Lewis Hamilton, au physique tout aussi avantageux, lors de son Grand Prix national.

Hamilton, en pleine réussite, avait été l'auteur, selon ses dires, de «sa plus belle course» à Silverstone, qu'il avait remportée de main de maître sous une pluie battante. En même temps, il avait ravi la tête du Championnat, qu'il avait fini par remporter d'un point lors de la dernière course de la saison.

«Avoir le numéro un sur ma voiture me procure encore de belles sensations. C'est une fierté, une réussite», a reconnu Lewis Hamilton, 24 ans, ajoutant qu'il «travaille comme jamais», qu'il est «encore là» et qu'il «se bat pour s'en sortir».

«Pour rien au monde»

Car cette année, le rouleau compresseur McLaren-Mercedes a des ratés. La monture d'Hamilton renâcle tant que son talent ne peut compenser. Avant le GP de dimanche, il figure en 11e position du Championnat, avec 9 points, soit 52 de moins que Button, qui a fait main basse sur six des sept premières courses.

«Cela fait neuf ans que je suis en Formule 1. Enfin je me sens prêt à gagner des courses. Et j'ai une équipe qui me donne l'opportunité de me battre pour la victoire chaque week-end ou presque», a remarqué Jenson Button.

«Je ne changerais ma carrière pour rien au monde, même si je suis passé par beaucoup de moments difficiles. Les décisions que j'ai prises ont fait de moi ce que je suis. Maintenant, j'ai l'opportunité de montrer ce que je vaux», a-t-il affirmé.

«Il a enfin la bonne voiture. Et il pilote aussi bien, si ce n'est mieux, que jamais», a estimé Lewis Hamilton.

«Jenson comprend ce que je traverse et sait combien c'est difficile quand on n'a pas le bon package (technique) derrière soi. Mais quand on est dans cette position, on maximise ce qu'on a», a relativisé Hamilton.

«Toutes ces années, Jenson faisait avec ce qu'il avait, et maintenant il maximise ce qu'il a. C'est comme moi. Je doute de pouvoir rester dans son sillage. Mais nous ferons ce que nous pourrons», a-t-il poursuivi.

Côte à côte lors d'une conférence de presse à Silverstone, le champion du monde en titre à droite du leader du Championnat, les deux pilotes ont multiplié les amabilités.

«Je suis très fier de ce que Jenson accomplit cette année. Comme je ne suis pas capable d'être devant, je préfère qu'un compatriote s'y trouve», a notamment déclaré Hamilton, qui a ensuite serré la main de Button. Les Britanniques ne savent pas la chance qu'ils ont.