Le Grand Prix de Turquie s'est encore résumé à une procession de Jenson Button, hier, malgré la pole position de Sebastian Vettel. Même si les voitures sont plus proches les unes des autres qu'elles ne l'ont été depuis plusieurs années, la saison 2009 est singulièrement dépourvue de passion.

Les contre-performances des favoris déçoivent les mordus: les Ferrari n'ont pas confirmé leur retour en forme de Monaco, les McLaren sont encore à la traîne, Fernando Alonso se bat dans une Renault mal équilibré. Et personne ne s'enthousiasme pour le Brawn GP, une équipe qui n'existait pas il y a quatre mois à peine.

 

En fait, c'est bien davantage l'avenir de la F1 qui suscite l'intérêt. Le bras de fer se poursuit entre Max Mosley et les patrons des équipes réunis dans la FOTA. Alors qu'on croyait, il y a quelques jours encore, qu'un compromis avait été trouvé, les deux parties semblent plus éloignées que jamais et la perspective d'un championnat parallèle est à nouveau évoquée.

Dix nouvelles équipes se sont inscrites au Championnat 2010: Prodrive, Lola, March, Litespeed, Epsilon Euskadi, US F1, Campos Meta1, Team Superfund, N.Technology et Brabham. La plupart ne sont que des coquilles vides et on peut douter de leur capacité à produire des monoplaces dignes de la F1.

Le sport automobile n'a évidemment rien à gagner d'une éventuelle scission. On l'a un peu oublié, mais la F1 a souvent été confrontée à de telles situations et à même déjà vécu une brève division en 1982.

À l'époque, le plateau était plus fourni et 13 équipes étaient inscrites au Championnat du monde cette année-là. Deux groupes s'opposaient déjà autour de la définition des règlements: les grands constructeurs - Ferrari, Renault et Alfa-Roméo - d'une part, et les écuries britanniques de la Formula One Constructors Association (FOCA), menées à l'époque par McLaren, Williams, Brabham et Lotus, d'autre part.

Les commissaires ayant décidé de disqualifier Nelson Piquet (Brabham) et Keke Rosberg (Williams) respectivement premier et second du deuxième Grand Prix de la saison, au Brésil, les membres de la FOCA annonçaient leur intention de boycotter le Championnat à partir du GP de San Marino.

Si personne n'a oublié le duel que se sont livré Gilles Villeneuve et Didier Pironi (ni la «trahison» du Français), qui se souvient du nombre de voitures au départ? Il n'y en avait que 14 et une bonne dizaine n'étaient justement guère dignes de la F1. Après l'abandon des Renault, les Ferrari furent seules en piste.

Même les membres de la FOCA ont ensuite abandonné leur boycott, Rosberg méritant le titre en fin de saison, le GP de San Marino 1982 reste l'exemple de ce qu'on doit éviter cette année.