Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris doit se prononcer mercredi sur la demande de l'écurie Ferrari de suspendre l'application de la nouvelle réglementation mise en place par la Fédération internationale automobile (FIA) pour la saison 2010.

Ferrari, comme Renault et d'autres grandes écuries, conteste que cette réglementation prévoie notamment une limitation des budgets. La Scuderia, qui n'a jamais manqué une saison dans la compétition automobile la plus prestigieuse, estime que les nouvelles directives de la FIA sont arbitraires et introduisent une compétition à deux niveaux. Elle a menacé de ne pas aligner de monoplaces l'an prochain, si la FIA appliquait malgré tout ses nouvelles règles.

Devant le juge Jacques Gondrand de Robert, les trois avocats de Ferrari ont soutenu mardi que la FIA, dont le siège est à Paris, s'était engagée en 2005 à ne pas changer les règles actuelles sans l'accord de la Scuderia. Présente à deux délibérations sur les nouvelles règles le 17 mars et le 29 avril derniers, elle affirme avoir fait savoir à chaque fois qu'elle était contre ce projet. Et a exercé un droit de veto le 12 mai.

Droit de veto dont l'existence même est contestée par la FIA qui a néanmoins décidé d'appliquer ces nouvelles règles, arguant mardi par la voix de son avocat, Me Hugues Calvet, qu'il allait de la «survie de la Formule 1» en ces temps de «grave crise financière». Pour l'avocat la démarche de Ferrari est «dilatoire», puisque «si droit de veto il y avait, il aurait dû être exercé au cours des réunions», et non pas 15 jours plus tard.

Sur le nouveau règlement, qui prévoit une limitation de budget à 45 millions d'euros (70 millions $ Can) par écurie qui, en contrepartie, auront droit à des libertés techniques refusées à celles qui dépassent ce plafond, la FIA estime qu'il est indispensable pour attirer de nouveaux concurrents, à l'heure où même les grands constructeurs automobiles se retirent. «Ferrari peut concourir l'an prochain», a assuré Me Calvet.

«Le coup de force de la FIA consiste à avoir pour un même type de compétition deux types de compétiteurs et deux règles différentes», a dénoncé Me Emmanuel Gaillard pour Ferrari.

«Imaginez un 100m où l'un devrait faire 100m et l'autre 80m avec un sac de sable sur le dos, a-t-il ironisé. Une équipe de pointe de F1 a un budget de 400 à 500 millions d'euros (632 à 790 millions $ Can) par an», a également souligné Me Henri Peter, expliquant que Ferrari était dans «l'incapacité de réduire son budget de 90 pour cent d'une année sur l'autre» alors que 700 personnes travaillent sur le projet.

La FIA a également soutenu que le juge judiciaire était incompétent pour résoudre ce conflit qui aurait d'abord dû être porté devant les instances internes du sport automobile. Les inscriptions pour la saison 2010 doivent se faire entre le 22 et le 29 mai. Pour s'incrire, il faut accepter la nouvelle réglementation.

Le président de la FIA, Max Mosley, est le principal partisan de la limitation des coûts. Il a proposé d'offrir une plus grande liberté technique aux équipes qui accepteraient de limiter leurs budgets. Celles qui ne seraient pas d'accord n'auraient pas la même liberté, une mesure que le patron de Ferrari Luca di Montezemolo a qualifiée de «fondamentalement injuste».