En Formule 1, certains deviennent millionnaires. D'autres gagnent bien leur vie. D'autres encore survivent à peine. Et les plus malheureux se ruinent pour leur passion.

En Formule 1, certains deviennent millionnaires. D'autres gagnent bien leur vie. D'autres encore survivent à peine. Et les plus malheureux se ruinent pour leur passion.

Muriel Brousseau, une Montréalaise de 45 ans, compte parmi ceux-là. L'une des trois seules photographes féminines qui courent les circuits, la fièvre de la F1 l'a saisie un beau jour de 1976, en lisant un magazine. Le coup de foudre.

«Ce qui a tout déclenché, c'est une photo de Niki Lauda, se souvient-elle. Il était en train de discuter avec James Hunt. Il se passait quelque chose dans cette photo, il s'en dégageait un charisme... aujourd'hui encore, je trouve que ces deux pilotes sont les plus intéressants de l'histoire de la F1.»

Depuis ce jour, la passion dévore Muriel, l'emporte, transforme sa vie. Dans un premier temps, elle suit les Grands Prix à la télévision. La première course à laquelle elle assiste «en vrai», c'est le Grand Prix du Canada 1982, de sinistre mémoire (Riccardo Paletti se tue au départ). «Je me souviens très bien de cette journée, raconte Muriel. J'étais postée à la courbe aujourd'hui baptisée Senna. Une terrible journée.»

Tout en conservant son travail d'employée de bureau dans une société montréalaise, Muriel parvient ensuite à se rendre sur plus de circuits. Toujours plus de circuits. «Lorsque la FIA a décidé qu'il fallait douze courses pour bénéficier d'un laissez-passer permanent, j'ai voulu continuer. Alors, j'ai dû tout faire pour arriver au nombre fatidique. Aujourd'hui, ils montent la barre à 14, alors j'en fais 14 par an. Je ne gagne pas ma vie avec la F1, elle me coûte beaucoup d'argent. Mais c'est comme ça, c'est une maladie.»

Muriel vend tout de même ses photos à quelques publications canadiennes, mais cela ne saurait suffire à couvrir ses frais. «Ce que je préfère en Formule 1, c'est quand les voitures ne roulent pas. J'aime chercher les gens, saisir leur regard, l'ambiance. Quand Michael Schumacher a gagné à Imola, cette année, l'atmosphère était fantastique sous le podium, avec les tifosi. Il y avait une telle joie, ce sont des moments forts. Et je suis très émotive...»