On pourrait croire que le Grand Prix du Canada est le Noël des Villeneuve. Longtemps éparpillée aux quatres coins du monde, la famille profiterait de l'occasion pour faire d'une pierre deux coups: réunir la parenté et aller aux courses.

On pourrait croire que le Grand Prix du Canada est le Noël des Villeneuve. Longtemps éparpillée aux quatres coins du monde, la famille profiterait de l'occasion pour faire d'une pierre deux coups: réunir la parenté et aller aux courses.

Mais ce n'est pas le cas, disent sa mère et sa soeur. Jacques est bien trop occupé et la parenté, trop habituée à vivre à distance pour qu'on multiplie les réveillons.

«Jacques est ici pour travailler et il travaille fort, dit sa mère, Joanna Villeneuve. On sait très bien qu'il n'a pas énormement de temps à partager. C'est comme ça.»

«La soirée excitante, ça va être lundi soir, après le Grand Prix, ajoute Mélanie, la soeur de Jacques. Ce n'est même pas quelque chose que l'on planifie, mais s'il reste en ville, on va aller souper et ça va être agréable.»

De toute manière, la semaine n'est pas non plus reposante pour la mère et la soeur. Il y a les entrevues. La Presse a rencontré les deux femmes dans le salon de maquillage du réseau TVA, 15 minutes avant qu'elles embarquent sur le plateau.

Et il y a le Grand Prix lui-même, avec tout ce qu'il charrie d'émotions et de souvenirs pour la famille.

«Chaque fois qu'il y a un Grand Prix ici, c'est important de voir ce que Jacques va faire, dit Mélanie Villeneuve. D'abord, nous sommes à Montréal. En plus, c'est le circuit Gilles-Villeneuve. Et ça, je sais que ça a beaucoup d'importance pour lui. C'est un retour au pays.»

Peut-être pas Noël, mais pas loin, quand même. Pour des enfants qui ont grandi dans la caravane de leur père, entre deux circuits, et une famille qui vit encore avec le spectre plus grand que nature du coureur automobile, ça reste un événement.

«Nous sentons le stress, comme lui, dit sa soeur. Disons que ce Grand Prix-là nous appartient plus que les autres.»

Plus de 30 ans après la mort du père Gilles, on pourrait croire que les deux femmes ont perdu une part de leur intérêt pour la course. Mais encore une fois, c'est tout faux.

Dire que les Villeneuve ont la course et la vitesse dans la peau est devenu l'un des plus clichés les plus tenaces entourant la petite histoire des Villeneuve. Pourtant, rien ne semble plus vrai. Mélanie se souvient comment, lorsque son frère avait 10 ans et elle, 8, elle avait supplié son père de lui acheter un motocross, comme Jacques. Une demande refusée. «J'avais huit ans, quand même», se console-t-elle aujourd'hui.

Si elle a abandonné ce goût d'elle-même fendre le vent sur deux ou quatre roues, Mélanie Villeneuve n'a pas perdu celui de suivre les prouesses de son frère. Sa mère Joanna non plus.

«Leur passion nous emmène à apprécier et à connaître le sport. Donc on aime énormément regarder les courses, dit cette dernière. Et puis il y a tout l'entourage. Les gens qu'on a aimé côtoyer et qu'on a l'occasion de revoir.»

Et la peur? «C'est sûr qu'on garde toujours cette peur-là, répond la mère. Mais on prend goût à la course.»

De toutes les craintes, seule celle de porter malheur résiste. C'est pour cela qu'on évite de faire des prédictions avant dimanche. «Tout ce qu'on peut lui souhaiter, c'est de trouver un calme intérieur et faire ce qu'il doit faire, de son mieux», résument ensemble les deux femmes.