Au terme d'une course riche en émotions (et en incidents !), la jeune sensation britannique a conquis le coeur des 105 000 spectateurs, hier; il a signé la première victoire d'une carrière qui s'annonce fabuleuse.

Au terme d'une course riche en émotions (et en incidents !), la jeune sensation britannique a conquis le coeur des 105 000 spectateurs, hier; il a signé la première victoire d'une carrière qui s'annonce fabuleuse.

Parti de la pole position (sa première de surcroît), le premier pilote noir de l'histoire de la F1 a réussi à garder son avance malgré les sorties répétées de la voiture de sécurité. En effet, le bitume montréalais a offert son lot habituel d'accidents, dont un qui a failli tourner au drame.

Au 27e tour, Robert Kubica a perdu la maîtrise de sa BMW-Sauber à l'entrée de l'épingle. Après avoir touché le pneu arrière droit de la voiture de Jarno Trulli, sa monoplace est partie en vol plané pour aller se fracasser en mille morceaux, d'abord sur la Toro Rosso en panne de Scott Speed, puis sur le mur intérieur. Sous la violence de l'impact, la F1 est repartie en tonneau pour s'écraser sur le rail dans une pluie de débris. Le Polonais est resté inerte pendant de longues minutes avant d'être évacué... indemne. Un miracle !

Quatre fois, Hamilton a vu fondre son avance après la sortie de la voiture de sécurité, avec chaque fois, Nick Heidfeld sur les talons. «C'était un bon défi, lance le pilote McLaren, tout sourire. Sinon, la course a été assez tranquille pour moi. Mon équipe a fait un bon coup en me faisant rentrer aux puits juste avant la première sortie de la voiture de sécurité.»

Chanceux sur ce coup, Hamilton a usé de constance et de concentration pour le reste de l'épreuve. Pas facile quand la victoire est à portée de main ! «Je comptais les tours avant la fin et lors des cinq derniers, j'ai été extra prudent. Au dernier tour, j'ai dû faire beaucoup d'efforts pour me contrôler! J'étais vraiment très émotif. J'avais seulement envie de sauter de joie en bas de la voiture. C'est une journée fantastique pour moi.»

Jour faste aussi pour ses inattendus compagnons de podium, Nick Heidfeld et Alexander Wurz. Certes, Heidfeld en avait imposé samedi en signant le troisième chrono des qualifications, mais tous croyaient à du bluff. L'Allemand lui-même était sceptique. «J'ai demandé à mes ingénieurs si on était vraiment à ce point compétitifs ! J'ai connu un excellent départ, ce qui m'a permis de dépasser Fernando Alonso. Je ne croyais pas terminer deuxième, mais la voiture était vraiment parfaite.»

Alex Wurz a quant à lui profité d'une audacieuse stratégie d'un arrêt aux puits pour donner à l'écurie son premier podium en deux ans. Mieux, il l'a fait le jour même du 10 anniversaire de son arrivée en Formule 1. «C'est un rêve. J'ai commencé la course en fond de grille (il était 19e) et j'ai dû pousser au maximum. C'était une course mouvementée, notamment lorsque Speed m'a percuté et arraché une partie de mon aileron arrière. Heureusement, la structure n'a pas été affectée. Côté pilotage, je n'ai commis aucune erreur.»

Tous n'avaient pas la mine aussi réjouie que ces trois-là. Fernando Alonso a connu une course cauchemardesque, avec quatre (quatre!) sorties de piste au virage Senna et une pénalité de 10 secondes pour être entré aux puits sous un feu rouge. «C'était ça ou la panne», dit Alonso. Pour ajouter à son malheur, le double champion du monde s'est fait dépasser par la Super Aguri de Takuma Sato - et à la régulière, s'il vous plaît ! «Nos pneus étaient différents. J'avais une minute d'avance sur lui mais, avec les voitures de sécurité, Sato a été en mesure de me dépasser. Et heureusement que c'est survenu dans le dernier tour, sinon Ralf Schumacher et Mark Webber m'auraient aussi doublé. Les sorties de la voiture de sécurité m'ont vraiment désavantagé.»

Chez Ferrari, la journée a été tout aussi pénible. Kimi Raikkonen n'a rien pu tirer de sa monoplace, tandis que Felipe Massa a écopé d'un drapeau noir pour être sorti des puits sur un feu rouge. Giancarlo Fisichella s'est fait pincer pour la même raison, ce qui a mis fin au Grand Prix des deux lascars... Ils auront beau crier au vol, la faute était claire comme de l'eau de roche.

Résultat : Hamilton est sorti grand gagnant de l'épreuve. Le Britannique de 22 ans trône maintenant en tête du classement, avec huit points d'avance sur Alonso. Les Ferrari ont encore plus souffert: Massa accuse maintenant un retard de 15 points, Raikkonen 21.