En fait, on croit nager en plein Michel Vaillant. Quelles sont ces histoires - un peu loufoques, avouons-le - de poudre versée dans les réservoirs des Ferrari par Nigel Stepney, un ingénieur mécontent? Et pourquoi l'un des plus hauts gradés du personnel McLaren, le responsable du design Mike Coughlan, se serait-il rué au coin de la rue pour photocopier des documents ultrasecrets, alors que la plus mince des clefs USB peut transporter mille fois plus d'information?

En fait, on croit nager en plein Michel Vaillant. Quelles sont ces histoires - un peu loufoques, avouons-le - de poudre versée dans les réservoirs des Ferrari par Nigel Stepney, un ingénieur mécontent? Et pourquoi l'un des plus hauts gradés du personnel McLaren, le responsable du design Mike Coughlan, se serait-il rué au coin de la rue pour photocopier des documents ultrasecrets, alors que la plus mince des clefs USB peut transporter mille fois plus d'information?

Vraiment, tout ça sent mauvais. Et on en vient à espérer au plus vite l'audition devant le tribunal de la FIA, le 26 juillet à Paris, pour que le malaise se dissipe.

Chose certaine, la tricherie n'est pas le style de la maison. Chez mes collègues de la salle de presse, 90% sont convaincus que Ron Dennis, le patron de McLaren-Mercedes, n'aurait jamais accepté d'utiliser de l'information obtenue de façon déloyale. D'ailleurs, les voitures des deux écuries impliquées dans cette affaire n'offrent aucune ressemblance qui puisse suggérer le plagiat. Dans la conception, le transfert de masses, la suspension: tout les différencie.

Mais là où le bât blesse, c'est dans ce qui n'est pas visible à l'oeil nu. McLaren aurait-elle profité des informations stratégiques colligées par Ferrari, tels les scénarios d'arrêts aux puits, la taille exacte des réservoirs ou l'usure moyenne des pneus?

Selon une information relayée par le magazine Autosport, Stepney aurait renseigné McLaren sur le fond plat mobile qu'elle soupçonnait Ferrari d'utiliser en début de saison. Suite au protêt des Allemands, déposé après le Grand Prix d'Australie, McLaren a immédiatement pris l'ascendant sur son rival.

L'affaire pourrait carrément saboter la saison. Outre une amende, McLaren risque le retrait de tous ses points au championnat des constructeurs. Les pilotes aussi pourraient écoper, mais je me demande quelle faute auraient commise Lewis Hamilton ou Fernando Alonso pour être aussi lourdement sanctionnés.

Devançant la sévérité anticipée de la FIA, Mercedes menace de se retirer de la Formule 1. Et entre temps, c'est le suspense créé par le spectacle en piste qui s'en ressent. Il y a longtemps qu'on n'avait pas assisté à un championnat aussi relevé. Hamilton, Alonso, Raikkonen, Massa: les essais tenus hier l'ont encore confirmé, l'écart est minime entre les meneurs.

Et même les BMW-Sauber sont au coin de la rue. S'il devait pleuvoir ce week-end, comme le suggère le brouillard épais qui règne chaque matin sur le circuit, il ne serait pas étonnant de voir l'une des voitures signées Mario Theissen se glisser dans les premières lignes. Heidfeld a déjà montré qu'il maîtrise bien les conditions de pluie, tandis que Kubica n'en finit plus d'étonner. Hier, il a maintenu sa voiture en piste malgré une glissade qui aurait effrayé des pilotes bien plus expérimentés. À croire que le terrible accident subi au Grand Prix de Montréal lui a donné des ailes!

Bref, l'affaire ne pouvait survenir à pire moment. Et dans cet enchevêtrement de soupçons, on se demande à qui profite le crime. Ferrari? Au fil des ans, on constate que lorsqu'une écurie menace l'équipe au cheval cabré, il n'est pas rare que le grand hasard ou les dieux de la F1 viennent la frapper.