La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a condamné mardi les organisateurs du Grand Prix de Turquie de Formule 1 à une forte amende pour avoir utilisé la cérémonie du podium 2006 à des fins politiques, une sanction moindre pour un pays qui craignait de perdre son GP.

La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a condamné mardi les organisateurs du Grand Prix de Turquie de Formule 1 à une forte amende pour avoir utilisé la cérémonie du podium 2006 à des fins politiques, une sanction moindre pour un pays qui craignait de perdre son GP.

«Les organisateurs ont été condamnés à une amende cumulée de 5 millions de dollars» (3,95 millions d'euros), a décidé le Conseil mondial extraordinaire de la FIA convoqué à Paris et qui a reconnu «l'Autorité sportive nationale de Turquie (Tosfed) et les organisateurs du Grand Prix de Turquie de Formule 1 (MSO) coupables de tous les chefs d'accusation reprochés».

La cérémonie du podium était effectivement «en infraction avec les statuts de la FIA, le Code sportif international et le Règlement sportif du Championnat 2006 de Formule 1», selon la Fédération internationale.

L'amende est certes lourde, mais elle est un moindre mal par rapport au risque encouru par la Turquie pour avoir invité le dirigeant de la République turque de Chypre du nord (RTCN), Mehmet Ali Talat, à remettre la coupe au vainqueur du GP le 27 août à Istanbul, devant 2,5 milliards de téléspectateurs.

La RTCN proclamée en 1983, neuf ans après l'invasion du tiers nord de l'île par les troupes turques et sa partition en 1974, n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, excepté Ankara.

Risque d'exclusion

La Turquie risquait en effet «d'être exclue de la FIA», ce qui lui aurait fait «perdre toutes les compétitions organisées sous l'égide de la FIA: le GP de F1, le rallye du WRC et l'épreuve de WTCC», avait indiqué lundi à l'AFP une bonne source à la Fédération internationale.

Or justement, Istanbul doit accueillir la 8e des 10 épreuves de WTCC le 29 septembre prochain, tandis que le rallye de Turquie est programmé du 13 au 15 octobre, juste après le rallye de Chypre.

«Ce qui était important pour nous c'était le maintien des courses à Istanbul, nous respectons la décision qui a été annoncée», a d'ailleurs immédiatement souligné un membre du MSO, Ilhan Parseker.

Le ministre d'État turc chargé des sports, Mehmet Ali Sahin, s'est également félicité que la Turquie ne soit pas exclue de la FIA, considérant cependant la sanction comme «sévère».

M. Sahin a cependant réitéré mardi les explications officielles selon lesquelles M. Talat avait été choisi «non parce qu'il est le président de la RTCN mais parce qu'il est une personnalité internationalement connue».

Statut

Mais justement, la FIA ne considère pas M. Talat comme une personnalité de statut international, qualité requise pour remettre la coupe à un vainqueur de Grand Prix.

Aussi, la Fédération turque des sports automobile (Tosfed) s'est-elle implicitement félicitée d'avoir été sanctionnée par une simple amende, indiquant dans un communiqué laconique que «le calendrier du Grand Prix de Turquie de Formule 1 était maintenu» en 2007. Le calendrier publié par la FIA deux jours après l'incident prévoit que le 3e GP de Turquie de F1 se courra le 26 août 2007 sur le circuit d'Istanbul.

Mais si la sanction a été accueillie avec un certain soulagement en Turquie où l'aspect économico-sportif de l'affaire avait pris le dessus, à Chypre l'affront diplomatique n'a pas été effacé par la décision de la FIA.

«Je suis surpris... C'est une grosse somme, mais j'espérais bien plus qu'une simple amende», a déclaré le directeur général de l'Association automobile de Chypre, Takis Kyriakides.

«Nous sommes restés en retrait: nous avons d'abord envoyé une lettre de protestation expliquant qu'il (Talat) n'était pas président d'un état et nous avons ensuite laissé l'affaire suivre son cours à la FIA».

Il a été entendu, mais pas suffisamment à son goût.