La course s'annonçait comme l'une des plus chargées en émotion de ces dernières années. Le titre mondial des pilotes se jouait entre Fernando Alonso et Michael Schumacher. Celui des constructeurs était indécis entre Renault et Ferrari. Michelin, enfin, s'apprêtait à vivre sa dernière course avant le retrait de la marque. Le nouveau patron du manufacturier, Michel Rollier, avait fait le déplacement.

La course s'annonçait comme l'une des plus chargées en émotion de ces dernières années. Le titre mondial des pilotes se jouait entre Fernando Alonso et Michael Schumacher. Celui des constructeurs était indécis entre Renault et Ferrari. Michelin, enfin, s'apprêtait à vivre sa dernière course avant le retrait de la marque. Le nouveau patron du manufacturier, Michel Rollier, avait fait le déplacement.

Avec un Michael Schumacher qualifié en 10e position de la grille, la bataille s'annonçait à la hauteur du talent de l'Allemand. Elle a tenu ses promesses.

Une fois le départ lancé, Michael Schumacher s'est immédiatement hissé à la sixième place- juste avant que la voiture de sécurité ne soit déployée à la suite d'une sortie de route de Nico Rosberg. La course est alors neutralisée durant cinq tours avant de reprendre.

C'est alors que Michael Schumacher tente un dépassement sur Giancarlo Fisichella, qui se conclut par une crevaison de son pneu arrière gauche. L'Allemand regagne son puits en bouclant un tour complet au grand ralenti, avant de repartir 19e et dernier.

Devant, Felipe Massa est maître des lieux. Au moment où la voiture de sécurité lui laisse le champ libre, il parvient à prendre plus de deux secondes d'avance sur son suivant immédiat, Kimi Raikkonen. La messe est dite, plus personne ne sera en mesure de menacer le jeune Brésilien et sa Ferrari numéro 6.

Depuis Ayrton Senna, en 1993, aucun Brésilien ne s'était plus imposé ici, et le public apprécie l'événement: «C'était fou, racontait Felipe Massa après la course. Gagner ici, c'est le rêve de ma vie qui devient réalité. La voiture était tout simplement parfaite, c'était la course la plus facile de toute ma carrière. Sauf à la fin: j'essayais de rester concentré, mais je ne pouvais pas m'empêcher de regarder les gradins, où le public fêtait déjà ma victoire. Quand j'ai passé la ligne d'arrivée, j'ai hurlé dans mon casque.»

Cette victoire de Senna, il y a 13 ans, Felipe Massa dit s'en souvenir. «Et comment. J'avais 12 ans à l'époque et j'avais regardé la course de chez moi, à la télévision. Je m'en souviens très bien: cette victoire, au Brésil, c'était fou. Après l'arrivée, les gens couraient sur la piste, exactement comme ils l'ont fait aujourd'hui.»

Des joies multiples

Les émotion étaient multiples sous le podium du Grand Prix du Brésil. Joie de Felipe Massa, qui remporte son Grand Prix national, joie de Fernando Alonso, deuxième, qui devient une nouvelle fois champion du monde. Joie des membres de l'écurie Renault, massés sous le podium, qui décrochent un nouveau titre des constructeurs. Joie et larmes de l'équipe Michelin, championne du monde, entourant sa mascotte, un Bibendum dansant de joie, une équipe qui venait de vivre son dernier Grand Prix...

Pour Fernando Alonso, ce Grand Prix n'aura pas été le plus difficile de la saison. En début de course, parti quatrième, l'Espagnol a la chance de voir son principal rival, Michael Schumacher, être victime d'une crevaison. Dès lors, sa partie devient plus aisée. «Il y avait à peine trois tours que la course avait repris après la voiture de sécurité et l'écurie m'a demandé de réduire le régime du moteur en modifiant la mollette de puissance, raconte Alonso. C'était une demande un peu étrange aussi tôt dans la course, mais ils ne m'ont pas dit ce qui se passait. Ce n'est que trois tours plus tard qu'ils m'ont dit que Michael avait été victime d'une crevaison et qu'il était 18e... Dès ce moment, je me suis contenté de terminer. Je ne visais que la huitième place alors je ne forçais pas la cadence. Il fallait avant tout rester concentré, ne pas faire d'erreur, et terminer.»

Quatrième, Michael Schumacher venait de mener une course fantastique, l'une des plus belles de sa carrière. «Dommage que je n'aie pas pu terminer sur le podium pour féliciter Felipe, a commenté l'Allemand. Il a conduit une course parfaite. De mon côté, j'ai fait ce que j'ai pu, mais après ma crevaison, c'était compromis... Terminer ma carrière, c'est un moment un peu spécial pour moi. Je suis très fier d'avoir pu rencontrer des gens formidables au cours de toutes ces années. Mais je pourrais en dire tellement que j'ai du mal à trouver mes mots...»

Un Grand Prix splendide se terminant. Une saison haletante également. «J'ai eu du plaisir à me battre contre Michael, concluait lonso, hier soir. J'ai eu beaucoup de chance de remporter les deux derniers championnats auxquels il a participé. Cela donne encore plus de valeur à mes titres. Je lui souhaite un bel avenir avec sa famille.»