Kimi Räikkönen, qui aura l'insigne honneur de succéder à Michael Schumacher la saison prochaine chez Ferrari, est la dernière étoile d'une riche constellation de pilotes finlandais accrochée depuis une quarantaine d'années au zénith des sports automobiles.

Kimi Räikkönen, qui aura l'insigne honneur de succéder à Michael Schumacher la saison prochaine chez Ferrari, est la dernière étoile d'une riche constellation de pilotes finlandais accrochée depuis une quarantaine d'années au zénith des sports automobiles.

Les pilotes finlandais ont raflé trois titres de champions du monde de Formule 1 (Keke Rosberg en 1982 sur Williams et Mika Häkkinen en 1998 et 1999 sur McLaren-Mercedes) mais surtout 13 Championnats du monde de rallye des pilotes (WRC), leur discipline-reine.

Comment une petite nation de 5,2 millions d'âmes, dépourvue d'industrie automobile, peut-elle produire autant de champions?

«D'abord il faut un pied lourd et une tête légère et nous sommes nombreux dans ce cas», explique sans rire Ari Vatanen, champion du monde de rallye en 1981 et triple vainqueur du Paris-Dakar (1987, 88, 89).

Les premiers faits d'arme des «Flying Finns» (les Finlandais volants, titre qu'ils partagent avec les sauteurs à skis), remontent aux années 1960 avec le titre de champion d'Europe des pilotes en 1965 pour Rauno Aaltonen. Des carrières, il y en aura de plus belles que la sienne. Mais Aaltonen est un éclaireur, un exemple à suivre.

Art du dérapage

Il sera rejoint par les Timo Mäkinen, Juha Kankkunen, Hannu Mikola, Timo Salonen, et autres Marcus Grönholm, actuel 2e du Championnat WRC, Toni Gardemeister (8e), et enfin Mikko Hirvonen (4e).

En Formule 1, c'est Keke Rosberg qui montre la voie. Suivront Mika Salo, Mika Häkkinen, Kimi Räikkönen, actuellement 5e du Championnat des pilotes, Heikki Kovalainen, qui occupera l'un des deux baquets de l'écurie Renault en 2007, et enfin Nico Rosberg, fils de Keke, qui possède toutefois la double nationalité finlandaise et allemande.

Pour expliquer cette réussite incroyable, on invoque souvent les conditions de route détestables pendant l'hiver nordique qui feraient des Finlandais des maîtres dans l'art du dérapage contrôlé.

De fait, sur neige ou sur glace, ils sont presque imbattables: ils comptent 51 victoires en 56 éditions du rallye de Finlande, dit «Rallye des mille lacs». Ils ont aussi raflé 15 fois le rallye de Suède depuis 1981.

Staline

Mais les Suédois et les Norvégiens ont les mêmes conditions. Or les premiers sont quasiment absents des sports automobiles et les seconds n'ont, eux, qu'un seul fanion à agiter, celui de Petter Solberg en rallye.

Phil Berg, journaliste américain spécialiste de sport automobile, soutient que «les Finlandais ont un GPS dans la tête. Je crois qu'ils ont un sens inné d'où ils se trouvent sur la planète, à n'importe quel moment».

Plus prosaïque, Vatanen avance que les Finlandais sont des têtes brûlées.

«Regardez les sports dans lesquels la Finlande a du succès: ce sont des sports où il faut porter un casque, le saut à ski, le hockey sur glace, la course automobile», souligne Vatanen.

«Il faut remonter à la Seconde guerre mondiale pour comprendre. Aucun pays n'a mieux résisté aux assauts de Staline que la Finlande», assure-t-il.

Ce côté kamikaze, le pilote français de F1 Jacques Laffite le confirme: «Keke Rosberg était bagarreur, il était en vrac partout, la voiture en équerre».

Pour assurer la relève, la Fédération finlandaise des sports automobiles a mis sur pied un système de «coaching» destiné à soutenir les jeunes talents.

Mais Kari O. Sohlberg, son président, est inquiet.

«Il existe un risque réel si les règles continuent à aller dans le sens de plus d'argent et plus de technologie. La Finlande n'a pas les moyens», prévient l'ancien pilote, père de Kristian Sohlberg, engagé lui aussi en WRC.