Cessera-t-on un jour de pleurer le retrait forcé de Player's du sport automobile? Il y a déjà plus de sept ans que le cigarettier a mis un terme à sa filière de développement des jeunes pilotes, mais le sport automobile québécois ne s'en est pas encore remis.

Cessera-t-on un jour de pleurer le retrait forcé de Player's du sport automobile? Il y a déjà plus de sept ans que le cigarettier a mis un terme à sa filière de développement des jeunes pilotes, mais le sport automobile québécois ne s'en est pas encore remis.

Les derniers pilotes à avoir profité des dollars de Player's, Patrick Carpentier et Alexandre Tagliani, sont en bien mauvaise posture. L'un est sans volant, l'autre a en poche un contrat d'un an...

Pour les plus jeunes, cette époque dorée est difficile à imaginer. La chasse aux commandites est aujourd'hui plus féroce encore que les attaques en piste. Aucune compagnie n'ayant comblé le vide laissé par Player's, tout le monde- des pilotes aux écuries en passant par les organisateurs d'événements- finit par cogner aux mêmes portes. Et ce sont souvent les plus gros qui empochent... laissant des miettes aux jeunes qui montent, aussi talentueux soient-il.

L'équation devient inévitable: la course automobile est une passion pour bien nantis. En effet, pour courir au Québec, il faut inévitablement que la famille mette la main à sa poche. Le Québec a beau avoir donné à la F1 un pilote de légende et un champion du monde, les amateurs ont beau se passionner pour tout ce qui fait vroum-vroum, il n'y a personne pour prendre en mains le développement des jeunes talents.

Et pourtant, le talent ne manque pas. «J'ai rarement vu autant de bons pilotes de karting au Québec», estime Sébastien Blin, journaliste spécialisé en karting au magazine Paddock.

«À la dernière Coupe de Montréal, il y avait 142 pilotes d'inscrits. Le niveau de compétition est vraiment très relevé et on assiste à des courses de plus en plus serrées. Le karting a énormément évolué. Les jeunes pilotes comme les techniciens qui les entourent sont très professionnels dans leur approche. Les pilotes québécois disposent de circuits de grande qualité et d'une structure très bien établie; ça se voit tout de suite quand ils courent à l'extérieur de la province.»

Coïncidence ou pas, deux des pilotes de karting qui courent à l'étranger sont de proches parents de pilotes déjà bien établis: Raphael Ranger, le cousin d'Andrew Ranger, tourne sur les circuits européens, tandis que Xavier Coupal, dont le père est le cousin germain de Gilles Villeneuve, se démarque sur le circuit américain.

Plusieurs jeunes découvrent qu'ils ont la piqûre du sport automobile en karting, mais se frappent à un mur aussi impitoyable que le «Mur du Québec» quand ils veulent grimper les échelons. Pour une saison en Formule BMW, il faut débourser entre 150 000 $ et 250 000 $ dollars. En Formule Atlantique, les coûts bondissent jusqu'à un million de dollars américains par année.

Ces coûts faramineux expliquent sans doute qu'un seul Québécois, Antoine Bessette, dispute le championnat Atlantique cette saison. Et encore. Il a raté les trois premières courses du calendrier et ne sait pas s'il prendra le départ de toutes les épreuves restantes. Pour qui rêve de monoplace, la Formule Atlantique reste encore un passage obligé, faute d'un autre championnat nord-américain pour s'illustrer. Difficile de ne pas s'inquiéter pour l'avenir du sport automobile au Québec devant pareil désert...

La solution? Tenter sa chance en Europe n'est pas plus économique compte tenu du coût de la vie. Les pilotes devront peut-être oublier la F1 et le Champ Car pour se tourner vers d'autres championnats moins prestigieux, mais pas nécessairement moins excitants. Valérie Limoges, par exemple, a en poche un contrat de trois ans avec l'écurie Black Forrest en Coupe Grand-Am. Elle n'est pas sur le chemin qui mène vers les paddocks de F1, mais elle vit sa passion le pied au fond.

Plusieurs pilotes n'en demanderaient pas plus.