(Le Mans) Les premières heures de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans ont donné lieu samedi soir à une compétition féroce, chacun des cinq grands constructeurs engagés en Hypercar, la catégorie reine, se relayant en tête.

La course est encore longue mais l’époque où seules la N.7 et la N.8 de Toyota, pointée de très peu en tête à 22 h (14 h heure de l’Est), se disputaient la victoire est pour l’instant révolue.  

Certes, le constructeur japonais, vainqueur des trois premières manches du WEC (Sebring, Portimao et Spa), reste favori.

Et il a frappé fort d’entrée quand sa N.8 pilotée par Sebastian Buemi, vainqueur l’an dernier mais troisième au départ, a pris la tête dès le premier tour, grillant la politesse aux Ferrari, parties en première ligne.

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Sebastian Buemi au volant de sa Toyota GR010

Mais entre dépassements téméraires et arrêts aux stands, les deux bolides de la Scuderia, de retour au Mans après 50 ans d’absence, ont aussi mené la danse par moments, tout comme plusieurs Porsche et Cadillac.

Vers 18 h 30 (12 h 30 heure de l’Est), neuf voitures se tenaient encore en moins de 15 secondes, et 20 minutes plus tard, une violente averse a transformé le virage Porsche en patinoire.

Plusieurs voitures sont parties en aquaplanage, provoquant l’intervention de la voiture de sécurité, qui a mis la course sous cloche pendant près d’une heure et demie.

Au jeu des arrêts aux puits, la Peugeot N.94, qui pointait à la troisième place avant l’intervention de la voiture de sécurité, s’est retrouvée en tête, sous la clameur du public. Une première depuis une éternité pour le constructeur français revenu cette année au Mans après 12 ans d’absence en catégorie reine.

Lorsque la piste a été libérée peu après 20 h 15 (14 h 15 heure de l’Est), la Porsche de l’équipe privée Jota a vite doublé la Peugeot, avant d’être victime d’une sortie de piste qui a nécessité de longues réparations une demi-heure plus tard.

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Earl Bamber au volant de sa Cadillac V-Series R

A la tombée de la nuit, les sept premières voitures — deux Toyota, deux Ferrari, une Peugeot, une Cadillac et une Porsche — se tenaient encore en moins de 1 min 20 s et elles étaient neuf dans le même tour, susceptibles de voir leurs écarts supprimés en cas de nouvelle intervention de la voiture de sécurité.

Selon les prévisions météo, des averses étaient encore possibles dans la nuit, avant une journée de dimanche au sec.

Samedi à 16 h (10 h heure de l’Est), c’est le basketteur américain LeBron James qui a donné le départ, sous les yeux de deux légendes de la course : Tom Kristensen, qui détient le record de victoires (9) et son dauphin Jacky Ickx (6).

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LeBron James a donné samedi le départ de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans.

Juste avant, une Chenard & Walcker bleue, identique à celle qui avait remporté la première édition en 1923 sur des chemins boueux, a apporté le trophée du centenaire devant les équipages alignés sur la piste.

Mais le plus applaudi sur la grille de départ a été Charles Leclerc, pilote de Formule 1 chez Ferrari venu soutenir la Scuderia.

« C’est exceptionnel, c’est la première fois que je viens au Mans », a déclaré le Monégasque, en saluant la présence de nombreux drapeaux Ferrari dans les tribunes. « Le Mans, c’est une course que je regarde depuis toujours, ça m’a toujours fait rêver, pourquoi pas un jour… ».

Toute la journée, les spectateurs ont afflué, patientant dans de longues files d’attente dans la matinée devant les entrées puis déambulant dans les allées bondées autour du circuit. Quelque 300 000 personnes étaient attendues.

« Je veux voir Ferrari gagner ! », a clamé Andrew Hill, un Britannique de 69 ans, venu avec deux amis, comme lui vêtus de rouge des pieds à la tête.

Grâce à des modifications de règlements qui permettent désormais de faire courir les mêmes voitures en championnat du monde d’endurance (WEC) et dans le championnat américain IMSA, l’écurie italienne mais aussi Porsche, Cadillac et Peugeot ont fait leur retour au Mans, en attendant Alpine, BMW ou encore Lamborghini l’an prochain.