(Miami) Ariane Frank-Meulenbelt se promène dans le paddock comme dans sa maison.

On peut presque voir vos sourcils froncés d’ici. « Qui, encore ? », vous demandez-vous sans doute. Ariane Frank-Meulenbelt est la promotrice du Grand Prix de Hongrie ; l’équivalent de François Dumontier pour le Grand Prix du Canada. Comme M. Dumontier, elle passait le week-end à Miami, et elle a offert quelques minutes de son temps à La Presse.

Si les hommes sont encore beaucoup plus nombreux dans un paddock de Formule 1, on y croise aussi bon nombre de femmes. Plusieurs travaillent dans une des 10 écuries. Ariane Frank-Meulenbelt, elle, est l’une des trois seules femmes à occuper le titre de promotrice. Les deux autres sont Vanessa Maes, en Belgique, et Gemma Bassa, en Espagne.

Frank-Meulenbelt, 43 ans, est entrée dans le monde de la F1 en 1994. Elle avait 14 ans. L’auteure de ces lignes n’était même pas encore née, c’est bien pour dire. « Ne dis pas ça ! », s’exclame-t-elle en riant quand on lui fait la remarque.

À l’époque, son père était le promoteur du Grand Prix de Hongrie.

Je voyageais partout dans le monde avec mon père. Son anglais n’était pas très bon, alors il m’emmenait avec lui pour aider à traduire. J’ai grandi dans les différents paddocks de ce monde.

Ariane Frank-Meulenbelt

« Pour moi, c’était normal d’aider mon père, mais j’avais de grandes intentions de vivre ma propre vie et de faire complètement autre chose de ma vie, comme tous les enfants. »

Elle s’est expatriée pour ses études à Londres, mais ultimement, elle s’est retrouvée à travailler pour Red Bull, au Royaume-Uni, pendant six ans. Elle est ensuite retournée en Autriche pour rejoindre l’entreprise familiale de billets, Alfred Ostermann GmbH, dont elle est la présidente à ce jour.

Quand on lui demande ce qu’elle aime de son travail, la sympathique femme nous répond par une autre question : « Qu’est-ce que je pourrais ne pas aimer dans ce travail ? », lance-t-elle.

La F1 est une famille et j’en fais partie depuis très longtemps. Parfois, j’ai l’impression de travailler avec des amis. J’adore ça. J’aime le sport, je suis encore une fan ! J’aime voir la nouvelle génération de pilotes.

Ariane Frank-Meulenbelt

« Et j’imagine que c’est assez unique que je sois une femme », ajoute-t-elle.

« Les choses ont changé »

On le disait un peu plus haut : les femmes sont à ce jour plus nombreuses dans le monde de la Formule 1.

« C’était différent il y a 20 ans, affirme Frank-Meulenbelt. Les femmes n’étaient pas vraiment impliquées. C’étaient principalement des épouses ou des copines. »

« Si on regarde à notre droite, lance-t-elle en montrant deux femmes en train d’échanger devant une caméra, il y a plusieurs supérieurs [senior managers] qui sont des femmes. Je pense que les choses ont changé. »

PHOTO TIRÉE DE SON COMPTE INSTAGRAM

Ariane Frank-Meulenbelt au Grand Prix de Hongrie en juillet 2022

La promotrice n’a jamais vraiment prêté attention au fait qu’elle était une rare femme dans le milieu, sauf lors de ses réunions dans le cadre de la Commission de la Formule 1. « Je pense qu’il y avait trois femmes sur 27 membres, alors c’était plus évident. »

Quand on lui demande, en fin d’entretien, si elle est déjà allée au Grand Prix du Canada, Frank-Meulenbelt cache son visage avec ses mains. « Non, pas encore ! », lance-t-elle, presque gênée. « C’est le prochain sur ma liste ! »

Elle aura un empêchement cette année, mais elle promet une visite en 2024. « L’année prochaine, peu importe quel jour ça a lieu, je veux y aller ! »